Fillette de 11 ans vivant dans le district de Bandabou, au nord-ouest de l’île de Curaçao, Kenza n’a jamais connu sa mère. C’est son père, Ouira, un policier, qui l’a élevée dans la maison que le père et sa fille partagent avec Weljo, le grand-père. Ouira est un bon père et Weljo un bon grand-père, mais, par ailleurs, ils sont aux antipodes l’un de l’autre : Alors que Weljo est un homme tourné vers le passé, qui ne s’exprime qu’en papiamento, la langue créole des Antilles néerlandaises, un homme qui croit à la présence des esprits, qui se réfère sans cesse au passé d’esclaves de ses ancêtres et qui refuse de vendre sa terre à un blanc, Ouira, qui a passé une partie de sa vie aux Pays-Bas, a une conception beaucoup plus matérialiste de l’existence et, à ce titre, il est bien ancré dans le présent et même dans le futur lorsqu’il demande à sa fille de s’exprimer en néerlandais afin de se préparer un avenir plus radieux. Lorsque, suite aux nombreuses incartades de Kenza et à ses absences répétées, la directrice de son école de Kenza s’interroge sur le manque d’une figure maternelle pour la fillette, Ouira affirme que « ce que l’on n’a pas connu ne peut nous manquer ». Erreur ! Kenza n’a pas connu sa mère, Sara Maduro, décédée en 2010 à l’âge de 25 ans, mais cette mère lui manque cruellement et c’est bien le sujet principal du film. Très souvent, c’est pour se rendre sur sa tombe qu’elle sèche l’école, n’appréciant pas de la voir mal entretenue par son père. Pour elle, le contact avec son grand-père a peut-être plus d’intérêt : il fréquente les esprits des défunts, il a construit un arbre des esprits avec des pots d’échappement récupérés au bord des routes, il lui permettra peut-être d’entrer en contact avec l’esprit de sa mère.