J’ai toujours de l’affection pour tous ces films provenant de cette région sensible du monde : Israël et Palestine. C’est toujours instructif et intéressant de découvrir les moeurs laïques et religieuses de ces deux sociétés avec ou sans le background géopolitique. Si certains films israéliens arrivent à se passer de la question palestinienne, religieuse et géopolitique, il est difficile côté Palestine d’occulter la question israélienne.
Avec « 200 mètres », c’est inévitable et pour cause, un mur sépare un village palestinien d’un village « cisjordano-israélien », territoire occupé par les colons israéliens. Et par voie de conséquence, sépare un père palestinien, Mustafa de sa femme, Salwa, qui vit dans un appartement avec ses trois enfants. La femme ayant opté aussi pour la nationalité israélienne ! Le père vit avec sa mère et peut voir de son balcon l’appartement où réside sa famille. Ils se téléphonent et communiquent aussi avec la lumière. Mustafa peut passer voir sa famille au retour de son travail. Le seul souci, il lui faut un pass valide. Si tel n’est pas le cas, les 200 mètres effectués en 10 minutes peuvent se convertir en 200 kilomètres, en exagérant à peine !
Pass non valide signifie clandestin.
Le réalisateur Ameen Nayfeh connaît cette problématique. Et si on peut lui reprocher de mélanger les genres, drame social, road-movie, thriller, il reste que le road-movie s’impose naturellement puisque toutes personnes n’ayant pas de pass, considérées comme clandestins, sont dans l’obligation de contourner ce mur et ça prend du temps.
Il fallait une raison pour en grossir le trait : l’hospitalisation d’un des enfants de Mustafa. Je ne suis pas sûr que le trait soit grossier. Par contre, l’aspect thriller m’a paru un tantinet forcé. Mais l’ensemble du film ne souffre pas de cet aspect thriller inutile.
A travers ce récit, on peut s’apercevoir que les travailleurs palestiniens très nombreux pour exercer en Israël doivent non seulement se lever tôt pour passer les check-points mais on en perçoit aussi l’humiliation subie.
A travers le road-movie, on entraperçoit la haine pour le colon israélien qui s’est emparé des terres palestiniennes en toute impunité. « 200 mètres » ne peut donc pas éviter la question israélienne.
A part l’aspect thriller, « 200 mètres » traduit l’absurdité de la question israélo-palestinienne. Une de plus ! A voir en V.O si possible.