Une suite absolument magnifique qui surpasse son prédécesseur, le premier volet de la franchise "Blade", avec un scénario qui est dans la continuité du premier opus. Blade, un être mi-homme mi-vampire, s’est juré d’exterminer jusqu’au dernier ces créatures assoiffées de sang qui ont tué sa mère et l’ont contaminé. Épaulé par son mentor Whistler, il est bientôt rejoint par Scud, un informaticien fidèle à sa cause depuis que Blade l’a sauvé des crocs des vampires. Face à eux, un groupe de vampires d’élite connu sous le nom de Bloodpack. Dirigée par la jeune Nyssa, une experte en arts martiaux, cette équipe s’entraîne dans un seul but : tuer Blade. Mais les priorités changent. Une nouvelle menace vient de faire son apparition sous les traits de Jared Nomak. Ce dernier est l’hôte d’un virus hautement contagieux et mortel pour l’homme et les vampires. Les deux races vont devoir unir leurs forces pour éliminer Nomak et les "faucheurs", une nouvelle espèce de créatures qu’il a engendrée… Après avoir décliné le poste de réalisateur sur le premier volet, Guillermo del Toro prend les choses en main sur sa suite. Son style sombre ayant fait des ravages sur son précédent film américain, le sympathique "Mimic", le scénariste David S. Goyer décide de le relancer. Celui-ci va apporter pas mal de changements à l’univers de la franchise en la sortant des sentiers battus. Cette fois-ci, les vampires ne sont pas aussi dangereux qu’il n’y paraît, les apparences sont trompeuses. En effet, les Reapers, des vampires atteints par un mystérieux virus, représentent les nouveaux antagonistes du chasseur. Du coup, celui-ci se retrouve obligé de s’allier à ses ennemis d’hier pour faire face. On voit donc la création d’un groupe d’élite, le Blood Pack, chargé d’éliminer les infectés avant que la pandémie ne s’installe. Cette approche plus nuancée et moins manichéenne est un plus indéniable qui apporte pas mal de sel au long-métrage. Le petit défaut est que les personnages ne sont pas forcément très développés mais le film laissant la part belle à l’action, ce n’est pas vraiment problématique. Le choix du lieu de l’action est aussi assez original. Prague présente plusieurs avantages aux yeux de del Toro, les coûts plus faibles mais aussi, et surtout, l’aspect gothique et technologique de la capitale tchèque. Du coup, les personnages parlent régulièrement la langue du pays. Le scénario est ici plus développé et présente des personnages plus nombreux. Le premier se focalisait surtout sur Blade et Whistler, là nous avons le Blood Pack, un nouveau méchant en la présence de Nomak, et un assistant qui donne de nouvelles armes au héros. On trouve bon nombre de retournements de situation bien amenés et si ils ne sont pas follement imprévisibles, ils évitent de jouer le jeu des grosses ficelles. La force du film est d’éviter les écueils majeurs que sont les clichés ou la routine qui parfois s’invite dans les franchises du cinéma de genre. L’originalité dont fait preuve l’univers du film lui permet de s’éloigner des conventions en matière de vampires. Le casting est du coup à la hauteur. On trouve l’acteur fétiche de del Toro, Ron Perlman, qui fait très bien son boulot en vampire antipathique, son physique patibulaire étant son principal atout. Norman Reedus ("The Walking Dead"), qui figurait déjà au générique de "Mimic", est de retour sous les traits d’un jeune homme négligé. Il est d’ailleurs amusant de le voir ici dans ses jeunes années. Le casting de base est toujours là avec un Wesley Snipes qui confirme que le rôle semblait fait pour lui et l’attendait patiemment, et un Kris Kristofferson toujours à l’aise dans son rôle de père de substitution badass. La très belle Léonor Varela prête ses traits à une guerrière vampire qui s’éprend de Blade, apportant un peu de sensibilité comme N’Bushe Wright, son homologue du précédent volet remarquablement absente. Luke Goss incarne le terrifiant Jared Nomak, qui apparaît comme étant le principal antagoniste du film. Très maquillé, sa présence n’en est pas moins tout à fait palpable. Même chose pour Thomas Kretschmann qui incarne un patriarche vampire glaçant de froideur, qui fait ses premiers pas à Hollywood avant d’exploser dans d’autres grands films comme "Le Pianiste" ou encore "King Kong". Niveau mise en scène, c’est mieux que le premier opus. On trouve des scènes de combat encore plus catchy, assez simples et efficaces, et pas de surenchère. On retrouve la patte si particulière du réalisateur sur l’univers visuel, mêlant habilement effets numériques et maquillages pour un rendu organique. L’usage d’une nouvelle caméra permet de mieux suivre les mouvements et autres acrobaties des acteurs. La photographie est nettement plus contrastée, elle a un aspect chaleureux qui tranche avec les lumières cliniques du premier volet, renforçant l’esthétique organique propre à del Toro. Les Reapers sont des créatures assez glauques, ce qui donne lieu à des scènes assez immondes du fait de l’effet de surprise qu’elles dégagent. Leurs mâchoires et plus généralement leur biologie sont inattendues et permettent de réinventer la figure du vampire. On retrouve ici l’obsession du réalisateur pour les monstres et autres créatures étranges, qui ont leur apparence et leur fonctionnement propre. Le scénario plus riche et inventif porte bien sûr la marque du réalisateur qui a dû influencer Goyer. On trouve même une belle séquence finale, émouvante. La bande-son a eu un succès assez impressionnant en se classant dans le top des charts américains. On y trouve de tout, mais surtout du hip-hop rentre-dedans mâtiné de musique électronique qui colle plutôt bien à l’ambiance nocturne du film. Entre des artistes comme Cypress Hill, Moby, Massive Attack, Mos Def et Ice Cube, on en a pour notre argent. En conclusion, on peut dire que la franchise connaît ici son meilleur volet. Le rôle de del Toro est primordial et permet à la franchise "Blade" de se renouveler de fort belle façon. La façon dont il s’est approprié l’univers de la série en un seul film est saisissante et montre tout le talent du réalisateur. C’est une surprise quand on apprend qu’il n’était pas du tout chaud au départ et qu’il n’a accepté qu’après que son agent l’ait incité à le faire, sa motivation étant avant tout de pouvoir réaliser "Hellboy". Le succès, que dis-je, le carton de "Blade 2" (80 millions de dollars aux USA et 150 dans le reste du monde pour un budget de 55 millions) lui donnera les coudées franches pour la suite de sa carrière. La suite des aventures de "Blade" se fait cruellement désirer...