Pour "Une femme du monde", son premier long métrage, Cécile Ducroq, scénariste dans de nombreuses séries télévisées à succès, a repris avec Marie, interprétée par Laure Calamy, le personnage de Suzanne dans "La contre-allée", un court métrage réalisé en 2014 et dans lequel ce personnage de Suzanne était déjà interprété par Laure Calamy. Les recherches que la réalisatrice a menées pour La contre-allée puis pour "Une femme du monde" lui ont donné une bonne connaissance du milieu de la prostitution et elle nous montre les divers facettes de ce métier avec, semble-t-il, beaucoup de vérité mais sans aucun voyeurisme malsain : comment se déroule une passe, la proximité avec les clients réguliers, la concurrence des prostituées africaines, les combats contre les nouvelles législations concernant la prostitution, la vie des prostituées dans une maison close allemande. A côté, le film n’oublie pas de montrer jusqu’où peut aller l’amour d’une mère pour son fils, n’oublie pas non plus de montrer la perception qu’Adrien, qui n’ignore rien du métier de sa mère, peut avoir de celle-ci selon qu’il la sait libre ou, au contraire, prisonnière d’un système. Comme d’habitude, Laure Calamy, qui prend une place de plus en plus importante dans le cinéma français, s’avère très tonique et particulièrement sincère dans son jeu. Quant au jeune comédien belge Nissim Renard, on ne peut qu’apprécier la façon dont il interprète le rôle d’Adrien, le fils de Marie, un mélange de mollesse et de dureté pas si étonnant que cela concernant un grand adolescent.