Mouais. Quelle horreur, Burton qui se repent...Bref, abordons ce film comme si il n'y avait pas de « réalisé par Tim Burton » au générique. Je reviendrai sur ce point plus tard. Big Fish affiche un casting haut de forme qui brille principalement par ses seconds rôles comme Marion Cotillard, qui n'avait pas encore le prestige qu'elle a acquis récemment, mais qui déjà jouait avec un talent indéniable, et Bily Crudup dans le rôle de William Bloom qui finalement m'a plus touché que son père, qui si il a de beaux moments, présente un jeu d'acteur assez répétitif et trop léger pour émouvoir. Alison Lohman est magnifique, et les scènes de ses premières apparitions sont sublimées par une exquise clarté blanche apparaissant sur les visages des personnages. Quant à Ewan Mc Gregor, et bien...on dirait qu'il essaye un peu trop de faire le « Forest Gump ». Une mise en scène s'appuyant sur de nombreux lieux, décors et personnages colorés pour un ensemble solide, qui offre parfois des images d'une plastique somptueuse. Niveau effets et autre, tout est correct voire très bien, alors passons. Passons à l'histoire, belle, certes, emplies d'un merveilleux étrange mais...naïvement racontée, presque bêtement, de façon superflue et beaucoup trop gentillette. Cette narration qui rappelle sans cesse Forest Gump (tiens encore lui) ne cesse d'énerver le fan de Burton, car on dirait que le réalisateur cherche à s'excuser de ses idées qu'il a toujours jalousement défendues et expliquées dans ses films précédents, comme dans L'Étrange Noël de Mr Jack où il rend hommage à sa propre imagination, alors qu'il me semble qu'il essaye, avec de Big Fish, de se faire admettre dans le flot hollywoodien des productions de commande, là où on accepte de pondre des œuvres de commandes, formatées pour le grand public, qui sont en général très impersonnelles. C'est ça qui m'a dégouté de Big Fish. Le fait que ce dernier soit inscris dans la filmographie d'un de mes réalisateurs préférés. Il ne lui ressemble pas du tout, à part quelques symboles du monde burtonien (un chat noir, une sorcière très « Disney », des clowns qui rappelle les gangsters du Cirque du Triangle Rouge dans Batman le défi, des mains magnétiques faisant écho à Edward aux mains d'argent...), tout un univers à peine effleuré (ah oui j'oubliais la référence à Délivrance, lourde et mal placée). C'est même parfois à vomir. Mais je met à Big Fish une note valable, parce que j'estime qu'en soi le film vaut un bon conte merveilleux, et que si il avait été réalisé par n'importe qui d'autre je l'aurais mieux considéré. Car il a ses passages amusant, ses scènes magiques et quelques (assez rares) instants intemporels (comme la déclaration d'amour d'Edward à Sandra, le spectacle figé lors du coup de foudre, la fin du père dans la rivière...). Pour la musique, Danny Elfman semble avoir fait de son mieux avec ce qu'il a, petite consolation pour le fan qui souffre, malgré l'absence d'un thème principal clairement identifiable et mémorable. Finalement, je supposse qu'il ne vaut mieux pas hasarder une conclusion un peu trop rapide et donner à Big Fish une seconde chance. Mais pas avant qu'une bonne année se soit écoulée, histoire de digérer un peu ça...
Après une deuxième vision, je commence à accepter Big Fish tel qu'il est. Ce n'est pas un mauvais film. Ce n'est pas un très bon film. C'est un film poétique, qui offre une poignée de scènes divertissantes, rigolotes (bien que les trois quarts des moments qui m'avaient arrachés un rire ne me font plus que sourire), et une réflexion sur l’existentialisme. Voilà, le problème ce qu'il y a trop de fantasmagorie pour oublier que c'est Burton qui est derrière tout ça, et que justement il se trahit lui-même (ses méthodes pour améliorer une vie bien fade et aller de l'avant quand on est pas favorisé par le destin n'ont presque aucun rapport avec celles d'Edward Bloom, voyez plutôt The Nightmare Before Christmas et Ed Wood pour les appréhender). C'est dommage. Mais on commence à accepter le film, à se dire que ça plaira à tout les réfractaires de l'univers de Burton qui y verront un Forest Gump du merveilleux, et qu'après tout ce n'est pas si mal d'entendre de bons avis de Big Fish. Mais le vrai fan est condamné à rester morne face à ce film, et rien n'y peut changer. Au moins il ne hurle plus et réussit à apprécier les rares instants prenant. Et à apprécier que les autres apprécient.