Habituellement, Burton réalise des films empreint d'un univers merveilleux (au sens littéraire du terme) de bout en bout, et joue - et parfois surjoue - dans cet univers en accumulant tant qu'il peut toute l'irréalité dont il fait preuve, et souvent ça marche. On reconnaît Burton grâce à son trop plein de fantastique, de fantasmagorique. Ici, le réalisateur change de ton et allie un ton réaliste à un ton fantaisiste, ce qui n'est pas bête en apparence, mais le résultat peut laisser perplexe... On a comme l'impression que Burton s'est lui-même perdu dans son histoire, ne sachant plus où était le vrai et le faux, et que par certaines astuces, quelques facilités, il retombe sur ses pattes, sans véritablement laisser le choix au spectateur. Au terme du film, on est perdu et frustré de ne pas savoir démêler le vrai du faux, ce qui aurait été franchement intéressant, et les histoires fantastiques du père en reste à un stade d'imaginaire qui ne peut pas en rester là, pas avec ce côté réaliste. Oui, Burton est un formidable conteur qui fait appel à notre imaginaire, à notre naïveté, mais ici le côté bariolé, enfantin, (et de temps en temps étrange, bizarre) des histoires du père contraste trop avec le ton finalement commun d'un film classique. On ressent une dualité dans le film qui n'est en fait que la dualité de Burton qui ne sait plus si ce film est un film personnel ou un film fantaisiste, et l'alliance des deux a du mal à fonctionner. Cependant, le casting - qui est sacrément jouissif - livre une très belle prestation, notamment Ewan McGregor et Steve Buscemi, et Danny Elfmann reste excellent. On retient quand-même quelques beaux et bons moments : l'histoire des enfants et de la sorcière, le premier moment à Spectre, le retour d'Edward auprès de Sandra après la guerre, le braquage de la banque avec Norther Winslow et la fin. Je garde une nette préférence tout de même pour les films sombres et scabreux du réalisateur, car assumés jusqu'au bout dans leur délires profonds.