Vu hélas en V.F., petite ville provinciale oblige.
Il est difficile de reprocher quelque chose à ce film.
Tout d'abord l'histoire. On n'oubliera pas en premier lieu d'apposer la mention "d'après une histoire vraie", désormais érigée comme un label de qualité dans bon nombre de films. Relater la vie ignorée de presque tous, d'un homme qui s'acharna à sauver la vie de centaines d'enfants lors de l'ascension du nazisme dans toute l'Europe, ne pouvait que susciter l'intérêt du public. Encore eut-il fallu que la mise en scène soit à la hauteur de cette biographie.
C'est le cas ici. Pourtant, une certaine gêne m'accompagna à l'issue de la projection.
L'idée de suivre Nicholas Winton, tour à tour, à deux âges différents, est très bonne. Ce vieillard simple et affable de nos jours, vivant dans l'anonymat, comparé à ce qu'il fut naguère, un jeune homme résolu à accomplir sa mission coûte que coûte, crée un équilibre au récit. Et la reconstitution historique de la fin des années 30 est très soignée.
Mais j'ai le vague sentiment que cette chronique croisée, a été amenée sur un plateau pour magnifier les deux scènes "tire-larmes" du film. Bien sûr le but est atteint. Un des atouts du cinéma n'est-il pas de procurer des émotions? On est d'accord. Mais, valoriser qu'on le veuille ou non, en lui donnant un titre de bonne conscience une émission de "télé-poubelle" suscite le malaise, créant une forte contradiction entre les agissements d'un homme vertueux et la récupération médiatique des "pompes à fric" télévisuelles.
Concernant l'interprétation, elle me semble irréprochable, l'audition en version française altérant trop mon jugement. Mais là encore, quelque chose ne colle pas. La prestation de l'acteur iconique Anthony Hopkins si remarquable soit-elle ne me semble pas adaptée. Pour incarner un inconnu, j'aurais préféré un autre inconnu.
Il est vrai que, de nos jours, découvrir au cinéma la vie d'un tel personnage, dans une réalisation correcte, avec un grand acteur en figure de proue, ne pourra qu'emporter l'adhésion de chaque spectateur.
Tout le mérite de "Une Vie" réside essentiellement en une piqûre de rappel injectée dans nos mémoires parfois trop laxistes. Je conseille donc ce film.
Mais, je continuerai à préférer les bons documentaires pour relater des "histoires vraies" plutôt que les trop nombreux biopics s'étant peu à peu substitués à ce genre cinématographique majeur.