Qui dit un mensonge en dit cent.
Le nouveau film d’Anne Le Ny – qui à ma connaissance, signe ici son premier polar -, est un classique parmi les classiques, mais ces 100 minutes brillent par l’immense tension qui règne en regardant un engrenage qui va se refermer et broyer ses protagonistes. Lorsqu’Alexandre découvre que sa jeune épouse, Juliette, le trompe, une violente dispute éclate. Juliette s’enfuit dans la nuit et fait une chute mortelle. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté son corps. La gendarmerie entame une enquête et Patrick, le père de Juliette, débarque, prêt à tout pour découvrir ce qui est arrivé pendant cette nuit d’inondations. Alexandre qui craint d’être accusé, persuade Lison, sa fille d’un premier lit (18 ans), de le couvrir. Il s’enfonce de plus en plus dans le mensonge et Patrick commence à le soupçonner. Piégée entre les deux hommes, Lison pourrait tout faire basculer. C’est le début d’un terrible engrenage… On pourrait croire que ce scénario a été écrit par l’auteur latin, Térence qui écrivit : un mensonge en entraîne un autre. Histoire forte, réalisation soignée et casting au top. A voir sans crainte.
Anne le Ny a confié qu’elle avait été inspirée par l’affaire Viguier, en l’an 2000, dans laquelle un homme accusé de la disparition de sa femme est soutenu par ses enfants. Ce fait divers a, de toute évidence, nourri la réflexion de la réalisatrice sur l’ambiguïté des émotions et la difficulté à faire des choix dans des situations intenables. Le scénario et le montage très nerveux nous plonge dans le drame qui s’abat sur cette famille et dont le tempo dérègle tout, les rythmes biologiques de tout le monde, les repas, le sommeil, les nuits… Les ravins, les ciels lourds et les torrents vosgiens servent de décor aussi splendide qu’angoissant à cette histoire qui nous dit qu’il n’y a pas que des mauvaises personnes qui commettent des actes terribles. Pour résumer, c’est bien écrit, joliment filmé et surtout, c’est un film d’acteurs, et là, on se régale.
José Garcia nous gratifie d’un numéro étonnant qui vaut le détour à lui tout seul. Mais pour lui donner la réplique, André Dussollier, la jeune Capucine Valmary, - une habituée des séries télé, qui tient là un très beau rôle qu’elle assume avec beaucoup de talent -, Christiane Millet, Anne le Ny elle-même, sont tous excellents. Je ne peux que conseiller ce polar psychologique made in France, solide, efficace et haletant.