Alexandre (José Garcia), la petite cinquantaine, a deux enfants : Lison d’un premier lit, qui vient de réussir son permis de conduire et, avec Juliette (Ophelia Kolb), sa seconde épouse, Darius, un petit garçon âgé de dix ans à peine. Un week-end, que Lison est venu passer chez eux dans le beau chalet qu’Alexandre, Juliette et Darius occupent au-dessus de Gérardmer, Alexandre apprend que Juliette a eu une liaison. Une violente dispute éclate. Juliette claque la porte. Alexandre saute dans sa voiture, la rejoint, veut la forcer à le rejoindre. La jeune femme glisse, tombe et se tue.
Écrasé par la stupeur et le chagrin, Alexandre craint d’être accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Il convainc Lison, qui avait été réveillée par la dispute, de le couvrir. Mais une enquête policière est diligentée lorsque le corps de Juliette est retrouvé. Alexandre saura-t-il écarter les soupçons que font peser sur lui à la fois l’officier de gendarmerie chargé de l’enquête (Anne Le Ny) et le père de Juliette (André Dussolier) venu avec son épouse pleurer sa fille et prendre soin de son petit-fils ?
"Le Torrent" est un film policier construit selon une mécanique inhabituelle. Aucun mystère n’entoure l’accident dont Juliette a été victime et la responsabilité d’Alexandre. Le suspense est ailleurs : dans le succès ou l’insuccès d’un homme à se blanchir d’un crime dont il risque d’être accusé. D’ailleurs une telle accusation n’est pas acquise par avance : la tempête qui s’est déclenchée la nuit des faits et qui a emporté le corps de Juliette dans un torrent en crue offre à Alexandre un solide alibi.
On retrouve ici le même schéma que dans "Trois jours et une vie", le roman de Pierre Lemaitre porté à l’écran par Nicolas Boukhrief en 2019, qui brassait, comme ce "Torrent", les thèmes du mensonge et de la responsabilité en mettant en scène un enfant, auteur d’un homicide involontaire, qui échappe à toute inculpation mais doit porter sa vie durant le poids de cette culpabilité tue.
"Le Torrent" ne va pas si loin. Il ne dépasse pas le stade pépère du polar bien ficelé. Tout dans son scénario, dans sa mise en scène, dans son casting, qui convoque des têtes d’affiche passés d’âge et de mode, sent la naphtaline. Mais la naphtaline ne sent pas si mauvais et son odeur est une garantie : "Le Torrent", à défaut de nous emporter, ne nous fera pas passer un mauvais moment.