« D’une part, c’est un film sur l’impact de la géopolitique et comment elle crée des divisions parmi les gens, et d’autre part, c’est un film du passage à l’âge adulte et de l’amour au mépris de cela », explique le réalisateur. Il précise : « Je voulais créer une ode vivifiante à la résilience du peuple libanais, quelle que soit la faction ou l’allégeance à laquelle ils appartenaient, et je ne voulais pas juger la division politique, mais la présenter aussi franchement que possible ».
Avec Liban 1982, Oualid Mouaness relate son dernier jour d’école en 1982, quand l’armée israélienne a envahi Beyrouth. Il n’avait que 10 ans : « Les avions israéliens et syriens se tiraient dessus. Mon frère, qui avait six ans à l’époque, a réalisé, terrorisé, ce qu’il se passait. Il est rentré en courant dans la maison et s’est mis à hurler pour que nous rentrions aussi. Il pensait que lorsqu’un avion était touché, il nous tombait sur la tête. Ce moment ne m’a plus quitté ». Cette journée marque la première expérience de la guerre vécue par le réalisateur. Le film est le souvenir de cette journée.
Oualid Mouaness s’est nourri de quatre films qui évoquent la maturité des enfants : Où est la maison de mon ami ? d’Abbas Kiarostami, « un film sur l’enfance d’une honnêteté dévastatrice », ainsi qu’Au Revoir les enfants, La Vie est belle et Cinema Paradiso.
Le film représente une école bourgeoise anglaise au Liban. Un choix assez inhabituel qui reflète l'expérience du réalisateur qui a fréquenté une école quaker (mouvement religieux créé par des dissidents de l’Église anglicane) anglophone fondée à la fin des années 1800. Si on a tendance à penser que le Liban est un pays plus francophone qu’anglophone, il était plus naturel pour Oualid Mouaness d’apprendre l’anglais, langue officielle du Libéria où il est né.
Le réalisateur tenait à ce que Liban 1982 soit imprégné de naturalisme, tout en estompant la frontière entre réalité et imaginaire dans certaines séquences : « Une guerre dans le ciel est surréaliste pour n’importe qui, enfant ou adulte. Cela semble étrangement irréel et fascinant à regarder. Dans ce film, j’ai voulu brouiller les frontières entre le fascinant et l’horrible. Lorsque vous êtes enfant, votre imagination est débridée et vous trouvez constamment des moyens de vous exprimer, de manière réservée ou très directe. » Avec cette œuvre, le cinéaste a voulu rendre hommage à l’imagination et la candeur des enfants.