Présidents
Fable politique… quoique
Depuis 1997 et Nettoyage à sec, j’ai pratiquement tout aimé dans le cinéma d’Anne Fontaine. Malgré de constants changements de registre, la qualité est toujours là et l’écriture virtuose. Mais je pense qu’avec ces 100 minutes de comédie politique, on atteint un sommet. Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien Président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie. Un sujet gonflé, d’une folle originalité, à la réalisation léchée et à l’interprétation +++
Une comédie sur « l’après – pouvoir » était alléchante. Mais mettre en scène 2 ex-présidents de la République, vivants qui plus est, relevait de la gageure. Défi relevé haut la main. Parce que, il n’y a jamais ici de ridicule ou de moquerie gratuite. Parce les deux personnages – ainsi que leurs compagnes -, sont parfaitement croqués mais en évitant l’écueil de la caricature. A aucun moment, il ne s’agit d’un biopic consacré à ces deux figures politiques françaises, mais, bel et bien, d’une fiction. Mais même avec le décalage et la drôlerie, une question reste en suspens : « est-ce que ça pourrait être vrai ? ». Un modèle de comédie du pouvoir. Les dialogues sont extraordinaires et le casting les sert avec une verve incomparable. Un scénario en béton pour un pur régal.
Jean Dujardin et Grégory Gadebois s’amusent visiblement beaucoup. Ils réussissent une vraie performance en parodiant les ex présidents sans jamais grossir le trait et les caricaturer. Comme dans le film, ils repartent à égalité… mais eu sommet. Une mention toute spéciale à leurs compagnes, Pascale Arbillot et Dora Tillier, parfaites toutes les deux. Je citerai également, Jean-Charles Clichet, irrésistible en garde corps philosophe, tout comme Jean-Michel Lahmi en maire dépassé. Jouissif et sans le cabotinage qu’on aurait pu craindre. Une belle réussite.