Parle avec elle (Hable Con Ella), 2002, de Pedro Almodovar, avec Javier Camara et Dario Grandinetti. Pour une fois, Pedro nous a concocté un film d’hommes ! Un vrai bijou de cinéma dans lequel la richesse des sujets abordés éclate dans une mise en scène talentueuse qui s’appuie sur un scénario d’une écriture extrêmement soignée. Ici, pas d’exubérance, de scènes grandioses et baroques, mais une œuvre délicate, aux propos bouleversants suscitant une foule de questionnements intimes. Comme d’habitude, l’histoire, ou plutôt les histoires, ne relèveraient que du mélodrame vaguement larmoyant, du fait divers scabreux, voire, du voyeurisme morbide, si la narration, d’une légèreté inouïe (tous les flashs back sont judicieux !), était dans d’autres mains que celles d’Almodovar, qui nous livre une superbe fable. Deux hommes, que rien n’aurait dû rapprocher, se lient d’amitié autour de deux femmes dont ils accompagnent les comas respectifs, en milieu hospitalier : voilà une réduction événementielle du riche parcours plein d’émotions auquel le spectateur est convié. Caetano Veloso chante Coucouroucoucou Paloma, Pina Bausch danse et on a même droit à un petit film dans le film, un muet en noir et blanc, L’Amant qui rétrécissait, magnifique allégorie. Pas de vulgarité, pas de jugement, juste les bonnes questions aux bons moments comme jalons dans cette œuvre généreuse d’une grande beauté.