« Je suis Greta Thunberg, j’ai 15 ans et suis suédoise. »
Ce petit bout de fille de 15 ans, introvertie, effacée, victime du syndrome d’Asperger va forcer sa nature en faisant la grève de l’école.
Elle fait du sitting devant le parlement suédois depuis qu’elle a pris conscience de l’urgence climatique.
On la voit seule avec sa pancarte, assise devant les passants indifférents. Puis une femme s’arrête, discute, puis repart quelque peu dépitée d’apprendre que cette Greta ne retournera pas à l’école tant que son action ne sera pas considérée comme une urgence.
Puis deux, puis trois, puis quatre personnes s’installent autour d’elle, un selfie et c’est parti quelques jours plus tard pour agglomérer des millions de personnes, de jeunes séduits par son activisme radical.
Oui la jeune Greta est considérée en Italie comme une « radical baby ».
Elle l’est en effet. Et sans doute à raison. Car l’urgence est tellement prégnante qu’il faut savoir être radical.
Jusqu’à ne jamais prendre l’avion dans ses voyages ; elle se rend à l’ONU en trimaran pour traverser l’Atlantique depuis Plymouth.
Le documentaire la suit avec son père, son premier soutien. Il l’assiste dans tous ses voyages, après tout, elle n’est pas majeure. C’est la grande chance de Greta d’avoir le soutien de ses parents et pour accompagnateur son père. Il donne tout son temps. Il est tout à sa fille et à son combat.
Parfois, on a droit à des pastilles entre elle et lui. On s’aperçoit que Greta est pratiquement intransigeante. Elle cède quand son père l’intime de manger un peu, alors qu’elle s’en moque, mais ne cède pas sur un discours écrit où elle veut connaître l’orthographe de station-service en français ! Son père a beau lui dire de ne pas modifier le texte, que ce n’est pas important puisqu’il sera lu par Greta et non exposé aux yeux des spectateurs ; elle ne veut rien entendre et se réfugie sur l’oreiller de son lit de l’hôtel mettant fin à toute conversation avec son père.
Elle boude ou se calme ? Les deux.
Greta a les défauts de sa jeunesse, déterminée, persuadée d’avoir raison, susceptible à la moindre contrariété diront certains. A cela s’ajoute son syndrome d’Asperger.
Cependant on ne peut nier que cette ado a du caractère et malgré qu’elle soit prise dans le tourbillon de la notoriété, dans le tourbillon des manifestations qu’elle a suscitées - mobilisant des millions de personnes dans le monde entier -, dans le tourbillon des invitations palais, châteaux, organismes, institutions politiques, elle paraît garder froidement la tête sur les épaules. Elle ne semble pas du tout fléchir d’un pouce sur ses convictions, sur sa détermination, sur son engagement.
Et en plus, elle ne semble pas dupe du jeu de ses rencontres avec les hautes autorités politiques, avec tous ces membres à Bruxelles, au parlement britannique, à Strasbourg, à l’ONU, tous ces ballets d’hommes et de femmes politiques qui tantôt s’amusent à faire des selfies, qui tantôt s’amusent à la railler avec une bienveillance hypocrite ou sincère, tantôt essuyant leur mépris, leur condescendance comme celle de Poutine, leurs attaques comme ces imbuvables et insupportables Trump et Bolsonaro par exemple !
A cela s’ajoutent les menaces de morts sur les réseaux sociaux.
Et là encore incroyable, le documentaire nous la montre peu fragilisée.
En tout cas, elle semble écrire ses textes ce qui prouve qu’elle n’est pas manipulée par quelques obscurs mouvements écologistes tapis dans l’ombre.
Une impression qu’elle écrit des textes courts, secs, dénués de toute diplomatie, de pincettes, textes directs, coups de poing sans compromission, sincères, lapidaires, candides diront certains, mais des textes qui pointent du doigt les mensonges des hommes et des femmes politiques, sur leurs faux espoirs, sur leurs inactions. Les mots sont durs, agressifs, culpabilisants, elle va droit au but.
« Comment osez-vous ? Vous m’avez volé mes rêves et mon enfance », « De quel droit détournez-vous les yeux ? », « Aucune mesure n’est en vue », « Des jeunes commencent à prendre conscience de vos trahisons »
Ces citations, je les ai empruntées à son discours à l’ONU. Son visage est crispé empreint de colère, et de rancune : « On ne vous pardonnera jamais ! ».
Merkel est là, dans l’assistance. Que peut-elle bien penser de cette jeune ado ? Et les autres ? Ils applaudissent comme l’ont fait avant eux à Strasbourg, à Bruxelles, au parlement britannique.
Ils saluent sa prestation succincte qui s’est limitée à des reproches, à des accusations.
Ou saluent-ils le culot d’une jeune ado qui profitent de son moment de gloire ?
Je me demande à l’issue de ce documentaire si elle a été vraiment prise au sérieux par tous ces cols blancs ? Je n’en suis pas certain.
La preuve, le film conclut entre autres par cet insert : « La communauté mondiale ne répond toujours pas aux exigences de l’accord de Paris, accord ratifié, il y a 5 ans » !!!
La responsabilité de Greta est lourde, immense, son enjeu est considérable. Elle a 16 ans vers la fin du film, elle s’interroge, elle doute. Elle devrait être dans sa maison, avec son chien Roxy, avec sa famille bien au chaud. Elle a soulevé des millions de jeunes et de moins jeunes dans les rues, dans les campagnes mais quid des politiques dans les palais, les hémicycles ? Se lèvent-ils ? Reconsidèreraient-ils leur modèle de croissance, leur modèle social, écologique ?
Elle prend son combat avec une telle urgence que je pourrais la comparer à Jeanne D’Arc. D’aucuns diront à une illuminée.
Peut-être qu’il faut être illuminé par je ne sais quelle grâce pour soulever des foules, mais son combat mérite d’être largement entendu et suivi.
Je peux comprendre qu’elle irrite car son combat se limite à alerter et n’expose aucune idée.
Ce n’est pas son propos, son combat d’origine, c’est d’alerter, pas de donner des solutions. Ce n’est pas à elle de proposer des alternatives. D’autres activistes s’en chargent, il y a, de par le monde, des hommes et des femmes qui oeuvrent à toute petite échelle contre l’urgence climatique, contre la souffrance animale, contre la pollution du plastique.
Le sait-elle ? Je l’imagine.
Le doc ne nous montre pas ce que des anonymes font concrètement. On ne la voit pas aller à leur rencontre comme le fait Melati Wijsen dans « Bigger Than Us ». Là aussi ce n’est pas le propos du film.
C’est suivre une ado suédoise qui s’improvise lanceur d’alerte et qui semble amuser la classe politique.
En tout cas, le documentaire s’étire entre 2018 et 2019.
Al Gore en son temps avait montré des images catastrophiques dans son documentaire "Une vérité qui dérange".
Il sonne juste comme ce qui est énoncé durant la croisade de Greta : pandémie 2020-2021 et ça continue ; canicule répétée, sécheresse et incendies en Gironde, dans le Finistère, dans l’Ardèche et j’en passe, la Californie subit des incendies tous les ans et voit son territoire se réduire.
Et Merkel avec sa politique du charbon ?!
Edifiant. Décourageant. Débectant.