Ce ne sont plus les « Very Bad Blagues », dont les sketches pouvaient enfermer le Palmashow dans un plaisir éphémère, qui interroge sur la légitimité d’un duo qui n’a cessé de progresser dans leur démarche cinématographique. « La Folle Histoire de Max et Léon » témoignait déjà d’un amour nostalgique à d’anciennes comédies françaises et Jonathan Barré revient à la barre, pour accompagner ses amis pour un second tour sur grand écran. Cela ne change pas et pour ceux qui ont apprécié cette approche trouveront de quoi grignoter dans ce récit d’amitié mélancolique. On s’intéresse autant à l’usage de la télécommande que la notion d’un rêve d’enfant, derrière soi et dans un abîme que l’on croirait irrécupérable. La subtilité fait qu’elle n'a jamais quitté l’esprit de deux héros losers, qui vont finir par s’émanciper de leur routine et bien plus encore.
C’est la France d’aujourd’hui, c’est la France qui rêve les yeux ouverts sur du divertissement numérique à ne plus savoir quoi en faire, jusqu’à zapper encore et encore. L’image occupe déjà tout l’écran à l’ouverture et il s’agira du premier et dernier débat de cette intrigue, qui convoque la complicité de Daniel (Grégoire Ludig) et de Stéphane (David Marsais). Collègues dans une boutique d’électroménagers, le confort de vie, ils n’y touchent pas ou partiellement, car ils la vendent avant tout. Nous avons là une illustration d’une classe sociale, qui craint de prendre la parole et se prive même de cultiver leur talent potentiel. La sincérité du jeu les rend évidemment attachants et c’est autant un atout qu’une faiblesse. S’il fallait voir autre chose que le duo, ce ne sera qu’au profit de ces derniers, pour qui le temps d’écran va compter et qui va les lier d’une certaine manière à leur objectif commun, à savoir toucher le jackpot.
Les parodies d’émissions télévisées s’enchaînent jusqu’à brosser les traits de caractères de personnages autour de cette thématique. Mais ce sera dans les coulisses de toute cette industrie que l’on se surprendra à jouir de quelques émotions fortes, notamment lors d’une projection de clip, où le ressenti est un amalgame entre la bouffonnerie et l’audace que la télé ne peut se payer dans un même plan. La vidéo use autant de truquages que le média qui les fait tourner en rond dans les couloirs de casting ou les plante juste là, face à leur propre bêtise et indulgence. Malgré tout cela, on en rit, car l’humour distille son décalage absurde convenablement, sans s’attarder sur des concours de punchlines qui auront vite fait d’épuiser le spectateur. Il s’agira véritablement d’un showbiz, mis à nu et en lumière, dont l’éclairage semble autant homogène en intérieur qu’à l’extérieur, comme pour insister sur le maquillage numérique qui plane.
Ajoutons à cela une bande de requins, dont le producteur télé (Julien Pestel), prêts à tout pour gonfler l’audimat. Le portrait de ce monde factice et qui promet une identité, une célébrité ou une source de revenue occasionnelle est une malédiction pour ceux qui prennent conscience du jeu infâme auquel ils participent. Mais alors que sont « Les Vedettes », si ce n’est qu’une promesse ou un espoir de s’isoler d’une routine ou de la réalité, trop lourde à supporter ou trop coûteuse à s’en ruiner ? Tout est dit dans un regard simplet et bon enfant, qui chante pour s’inspirer ou qui manage pour exister.