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Jorik V
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3,5
Publiée le 7 juillet 2021
Un premier film courageux, parfois maladroit, mais qui retourne les tripes par ce qu’il raconte. « Beans » entend mêler la petite histoire dans la grande, ce qui permet souvent à des œuvres de se sentir plus investi par le parcours d’un ou de plusieurs personnages et de se cultiver en rappelant des faits de l’Histoire. Et ici c’est au Québec dans les années 90 qu’on nous replonge par le biais de la terrible crise d’Oka. Un cimetière sacré du peuple Mohawk est réquisitionné par l’administration de la ville pour en faire un golf. La colère des autochtones face à la profanation de leurs terres va entraîner des soubresauts entre blocages de routes et violences. Puis à un face-à-face d’une extrême violence entre la police puis l’armée et les indiens s’installe. Et surtout la naissance d’une haine et d’un racisme envers eux par les Québécois puisque cette crise bloque circulation et approvisionnement. Dans ce contexte, une petite fille Mohawk va passer un été tumultueux, un été en forme de passage de l’enfance à l’adolescence.
Tracy Deer connaît son sujet. Et elle insère dans son film de manière sporadique des extraits des journaux télévisés de l’époque qui permettent de bien situer le contexte. Si l’on ne connaît pas les détails de cette crise, on est ainsi bien informé et ces images s’intègrent parfaitement à l’histoire et laissent pantois. « Beans » montre bien que la naissance de la haine contre un certain groupe peut vite se diriger vers des extrémités qui font peur. Ici c’est les autochtones (pourtant les Premières Nations et habitants du Québec) mais cela pourrait être les étrangers, les homosexuels, les non-vaccinées, etc. Le long-métrage pointe parfaitement du doigt les dérives lorsqu’on ostracise un groupe de personnes et les conséquences néfastes que cela engendre. Sur ce point, c’est donc une œuvre passionnante et nécessaire. Mieux, certains passages peut-être un peu manichéens (tant que cela?) sont mêmes déchirants tant ils révulsent nos âmes. Et on pardonne clairement le fait que le propos ne soit pas plus nuancé car tout cela semble équivoque, impossible de ne pas prendre parti majoritairement pour les autochtones.
En ce qui concerne le récit d’apprentissage porté par la jeune Kiawentiio, impeccable comme l’ensemble du casting, c’est plus mitigé. Si certains passages sont intéressants voire amusants, cela reste assez classique et attendu mais toujours bien écrit et réaliste. « Beans » aborde plusieurs sujets forts mais n’en creuse parfois pas bien les contours (il ne dure qu’une petite heure et demie) comme l’inceste et les attouchements sexuels. Des maladresses et erreurs propres aux premiers films qui veulent en faire trop, pourtant bardés de bonnes intentions. Mais cela n’empêche aucunement d’être captivé par ce beau récit qui se présente comme utile pour les générations futures, comme un devoir de mémoire ou une piqûre de rappel de ce qu’il ne faut pas faire. Certaines séquences sont éloquentes, très intenses et nous révolte par la bêtise et la méchanceté humaine (la supérette ou encore le passage du barrage lorsque la voiture se fait lapider par les riverains). Deer nous cueille, nous interpelle et nous choque avec « Beans » et c’est cela aussi le cinéma.
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Le titre du film n’est autre que celui de sa jeune héroïne principale. Beans est une préadolescente de 12 ans appartenant la communauté canadienne des Mohawks. Elle apparaît à l’écran sous les traits de Kiawentiio, une jeune actrice évoluant ici pour la première fois dans un film destiné au cinéma. Tracey Deer filme Beans au sein de sa famille et dans ses relations avec ses amis. Sans être miséreux, le quotidien de la communauté des Mohawks n’en reste pas moins socialement et financièrement précaire. La réalisatrice s’applique à restituer sans phare ce quotidien à travers quelques scènes. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/berlinale-2021/