Certains vont reprocher au film la faiblesse du pitch du film : une civilisation extraterrestre (mais en tous points similaires à la notre ou presque) qui explore l'univers et dont un vaisseau se plante sur la Terre. Oui c'est faiblard, mais on s'en cogne complètement. La promesse de "65 La Terre d'avant" c'est d'avoir un environnement hostile, des dinosaures qui nous veulent du mal et une tension à couper au couteau.
Et malheureusement la promesse n'est pas tenue. Loin d'être aussi terrible qu'un T-Rex affamé, "65" a plutôt l'allure d'un chat roupillant sur un canapé. Le film est paresseux, très paresseux. Un comble quant on sait que "Sans un bruit" (mêmes scénaristes) faisait preuve d'une réelle inventivité. Là il n'en est rien, Beck et Woods recyclent inlassablement un même schéma
(on avance, on rencontre des dinos, on s'en sort par miracle, on avance, on rencontre des dinos, ...)
. Très vite on comprend que cette boucle va être répétée encore et encore du coup la tension ne décolle jamais. Et c'es bien dommage, car c'est là qu'on attendait le plus "65". C'est d'autant plus pénible que le début est long à ce mettre en place, on attend un bon moment avant de voir les premiers dinosaures.
De ce côté si il y a à boire at à manger, globalement ils sont réussis visuellement, font bien peur (de salles trombines), mais il y a des loupés. Premièrement certains, bien que ressemblant n'ont jamais existé
(les gros lézards lors de la première attaque ou l'espèce de T-Rex de la fin)
, pour qui comme moi adore ces grosses bestioles écailleuses ça fait mal, surtout qu'il y avait de quoi faire, mais passons. Il y a un manque de variété criant Mills et Koa(bunga Tortues Ninja) semblent être tombés sur une région où il n'y a que des carnivores (ou sont les sauropodes, les stégausoridés, ... ?). Déception sur ce bestiaire trop limité (sûrement question de budget).
Mais bon passe encore, le problème c'est qu'en plus d'un manque évident d'inventivité, le scénario connait pas mal d'incohérences : on nous présente "65" avec un côté réaliste, survivaliste, mais Mills est un surhomme (n'importe qui calanche dès le 1er tiers du film), il prend cher tout le film mais est un véritable IronMan (ou plutôt Wolverine tant il se remet vite de ses blessures). Si la tension ne vient pas des dinosaures, car mal exploités, elle ne vient pas non plus de l'aspect survie, pas une fois on a ce sentiment de manque pourtant simple et efficace dans ce genre de film (manque d'eau, de nourriture, de munitions, ...). Il y avait une tonne de choses à faire sur ce plan également mais Beck et Woods n'en font rien. Par exemple laisser quelques survivants en plus pour les faire bouffer, simple mais efficace pour créer de la tension, que nenni, vraiment le sentiment que les scénaristes n'ont eu aucune imagination est omniprésent.
Reste alors un duo "père-fille" (un peu à la The Last of Us) classique mais efficace, qui n'arrive tout de même pas à nous prendre aux trippes, comme le reste ça ne décolle jamais réellement. Le visuel sauvant un peu les meubles avec quelques réussites.
Au final "65" n'est pas mauvais, mais est incroyablement frustrant, l'idée est là, des survivants sur la Terre des dinosaures, il y avait de quoi faire un film avec une tension à couper au couteau sans même avoir un scénario béton. En se centrant trop sur un duo "père-fille" pas plus émouvant que ça Beck et Woods ont trop délaissé l'aspect angoisse. Ajoutez à ça une paresse dans le scénario et manque d'imagination et vous avez au final un film qui manque complètement sa cible. Ce n'est pas encore aujourd'hui que les dinosaures seront mis à l'honneur au cinéma.