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Estonius
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4,5
Publiée le 9 décembre 2016
Les rabat-joie y verront du colonialisme voire du racisme et auront tout faux. Ce film n'est rien d'autre qu'un vaudeville farfelu au rythme endiablé, inspiré de l'opérette éponyme crée en 1934 par Moyses Simon et comportant plusieurs morceaux de bravoure musicaux comme "Toi, c'est moi" ou "Sous les palétuviers". Pauline Carton trouve là un de ses meilleurs rôles et montre qu'elle pouvait jouer autre chose que la bonne de service. Les deux jeunes filles Claude May et Junie Astor sont tout à fait à la hauteur de Simone Simon et Lyne Clevers qui avaient créé les rôles à la scène. Le film fait preuve d'une décontraction sexuelle assez étonnante, Claude May se baigne nue, Carton se marie mais déclare qu'elle n'aurait rien contre un mariage à trois, il y a deux flirts interraciaux, et quand Tabet répond à Astor qu'il lui faut attendre les formalités d'usage avant de consommer celle-ci se met à chanter "Pourquoi faut-il lorsque l'on s'aime, remettre au lendemain…". La réalisation n'a rien de géniale mais Guissart connait néanmoins son boulot. Tout juste faut-il déplorer la post synchronisation défaillante de la première chanson. Finalement ce film qui affiche clairement le second degré avec un crocodile en caoutchouc est un concentré de bonne humeur.
Deux copains fêtards sont expédiés par la riche tante de l'un d'eux (Pauline Carton, dans une prestation savoureuse) dans ses plantations antillaises. Le film est tiré d'un opérette sotte: on y trouvera donc des vocalises, une légèreté scénaristique dont le but est de dispenser de la bonne humeur et de l'exotisme, et des personnages insignifiants et caricaturaux. Rien de bien surprenant au premier abord. Pour autant, la comédie de René Guissart n'est pas sans révéler quelques perles. Déjà, son décor colonial de studio et son racisme patent disent beaucoup de choses de l'époque et de sa totale indifférence ou candeur sur la question. Ensuite -et c'est le meilleur- l'intrigue, qui ne poursuit que le but de réunir des amoureux et former des couples, s'accompagne, particulièrement dans le final, d'une grivoiserie délicieuse. La fameuse chanson "Sous les palétuviers" par le duo Pauline Carton-André Berley est un grand moment d'exubérance. Et puis, on trouve quelques "audaces": l'héroïne aperçue seins nus sur la plage ou, mieux, cette question posée par Saturnin Fabre "Aimez-vous le tam-tam?" à laquelle Pauline Carton répond "Je ne sais pas, il y a si longtemps que je suis veuve"... Rien que pour ses quelques allusions, cette OVNI des années 30 mérite d'être vu!