Né à Split en 1985, Jure Pavlović a participé à plusieurs programmes internationaux comme Berlinale Talents, Sarajevo Talents Campus ou Sources 2, et réalisé plusieurs courts-métrages, dont "Picnic" qui a remporté en 2015 le Prix du Meilleur court-métrage européen. "Mère et fille" est son premier long-métrage. Le soupir que pousse Jasna, venant d'Allemagne où elle habite pour visiter en Croatie Anka, sa mère malade, au moment où elle va faire son entrée dans le salon où Anka discute avec des voisines, est d’entrée de jeu révélateur du type de relation particulièrement toxique que les deux femmes entretiennent. Durant cette scène, la caméra se concentre sur Jasna, Anka et les voisines n’étant présentes que par leurs voix. Ce parti pris de la part du réalisateur, on va le retrouver presque tout au long du film : par exemple, lors d’une visite de Jasna dans une maison de retraite où sa mère pourrait trouver l’accompagnement dont elle a besoin, on entend les questions qu’elle pose aux membres du personnel, on entend leurs réponses mais c’est à peine si on les voit, la caméra suivant sans arrêt, en gros plan, la tête de Jasna, de face, de profil, de dos. On trouve un autre exemple particulièrement marquant de ce parti pris lors d’une visite d’un kiné auprès de Anka : on entend ce kiné et Anka, mais on ne voit que Jasna ! Ce n’est que vers la fin du film, lorsque les forces d’Anka l’abandonnent petit à petit, que l’on pourra voir la caméra, suivant Jasna, se rapprocher d’un autre visage, celui d’Anka. Ce premier long métrage de Jure Pavlović est une belle réussite. Film de fiction très réaliste, "Mère et fille" n’est pas sans rappeler les films les plus marquants des frères Dardenne et il nous permet en outre de découvrir une grande comédienne, Daria Lorenci-Flatz.