Depuis l'enfance, Romain Quirot est passionné de cinéma et réalise de nombreux courts métrages. Ses parents l'encouragent toutefois à s'inscrire en fac de droit. Mais, un an avant de devenir avocat, le jeune homme décide de faire un stage de montage. Il réalise ensuite un certain nombre de clips et de pubs, gagne les concours Nikon et Audi talents awards avec le court métrage Un vague souvenir (2014), qui lui permet de financer un autre court : Le Dernier voyage de l'énigmatique Paul W.R. (2015). Ce dernier connaît une belle carrière dans les festivals, reçoit de nombreux prix et est pré-sélectionné aux Oscars. Ce court métrage constitue le point de départ du premier long métrage de Romain Quirot : Le Dernier voyage.
Romain Quirot a mis presque cinq ans à écrire Le Dernier voyage et trouver les bonnes personnes pour l’accompagner. Entre temps, il a mis en scène le documentaire Sans réseau et a écrit la saga "Gary Cook", en collaboration avec le scénariste Antoine Jaunin, publiée chez Nathan. Finalement, grâce à la productrice Fannie Pailloux et à David Danesi (de la firme d’effets spéciaux Digital District), Romain Quirot a réussi à monter le film.
Le tournage a eu lieu en octobre 2019, au Maroc, la plupart du temps dans des décors bien réels. Romain Quirot et son équipe ont tourné à Casablanca, en privilégiant des intérieurs Art déco, parfois en détournant complètement certains lieux. Il se rappelle : "Par exemple, une bonne partie de la base spatiale est en fait un centre sportif des années 30 ; l’intérieur de la navette, lui, a été construit dans une grange au bord de la ville... Ensuite, on est parti dans le désert de Ouarzazate. On a tourné dans un vieux décor de station-service (vestige d’un film américain), ou dans une usine perdue au milieu de nulle part, qui nous a servi de base pour le camp de réfugiés."
"Paul W.R est un garçon hypersensible qui a une connexion particulière avec la Lune Rouge qui menace la Terre. Il est le seul capable de sauver l’humanité mais au moment d’embarquer pour la grande mission, il s’échappe... Dans le court-métrage, Paul avait la faculté d’entendre les pensées des gens, ce qui ne lui donnait aucune envie de les sauver. Je trouvais que c’était trop complexe pour le long mais j’ai gardé l’idée que l’humanité va droit dans le mur, et que le héros ne se reconnaît plus en elle, notamment dans le pillage des énergies de la Lune Rouge. Il sent néanmoins qu’il a des réponses au fond de lui ; il est tiraillé entre suivre sa destinée, écouter son père... Ou trouver sa propre voie."
Pour jouer Paul W.R. et son frère Eliott, Romain Quirot voulait des acteurs de la nouvelle génération dont le visage ne soit pas encore trop connu. Avec Hugo Becker, l'enjeu a été de briser son côté héroïque et de l’amener vers quelque chose de plus sensible. Le cinéaste précise : "Hugo a toujours été un vrai allié. Il m’a fait une confiance absolue et a accepté de sortir de sa zone de confort. Pour jouer son frère, j’ai fait appel à Paul Hamy. C’est un acteur à fleur de peau, d’une générosité absolue. J’ai adoré travailler avec lui, canaliser sa folie, ramener de l’humour dans son côté ultra flippant. Eliott W.R. est un pur personnage de cinéma ; et je voulais à tout prix éviter le stéréotype du méchant très méchant. Eliott tue tous ceux qu’il croise, mais il est touchant."
Les effets spéciaux ont été conçus par Digital District qui est entré en coproduction avec Apaches. Il y avait énormément de choses à créer : la Lune Rouge, les voitures volantes, une gigantesque tempête de poussière ou encore les paysages apocalyptiques. Romain Quirot tenait à s’appuyer sur un maximum d’éléments réels. "Qu’il s’agisse d’une carcasse d’avion au milieu de la route, d’un immense mur qui scinde la France en deux (et protège à la fois des tempêtes et des réfugiés climatiques) ou des vestiges de la tour Eiffel, effondrée dans le désert", ajoute-t-il.
Blade Runner est le film qui a le plus marqué, et donc influencé, Romain Quirot. Il précise : "Je m’attendais à voir un alter ego de Han Solo, un sauveur qui allait tuer des robots, et contre toute attente, c’était un film sur un réplicant qui rêve de licorne. J’ai été scotché. Blade Runner a constitué une transition dans ma vie de jeune cinéphile. Cela m’a ouvert les yeux sur l’existence de films beaucoup moins manichéens, plus complexes. Et sur l’importance de l’univers. C’est quelque chose qui me fascine : créer un univers dans lequel emporter le spectateur."
Romain Quirot a retrouvé Etienne Forget qui avait signé la musique du court métrage Le Dernier Voyage de l'énigmatique Paul W.R.. Le cinéaste explique : "Je ne lui ai pas toujours facilité la vie, je le reconnais. Je peux être très exigeant... Surtout que la musique est un élément clé dans Le Dernier voyage. Je cherchais à trouver le bon équilibre entre un souffle épique et une touche de mélancolie ; il fallait que les deux se répondent. A l’instar de Paul W.R, héros hanté par son enfance. J’avais aussi envie de chansons colorées, très pop, qui soulignent l’aspect « SF française » du film. Quand on rentre dans un restaurant du futur, j’aime l’idée qu’on entende un vieux tube d’Eddy Mitchell. Il y a aussi des morceaux de Françoise Hardy ou un classique des 80’s."
Dans le film, l'énergie puisée sur la Lune Rouge s'appelle le Lumina. Il s'agit d'un clin d'œil à l'astrophysicien français Jean-Pierre Luminet, spécialiste des trous noirs et de la cosmologie.