Alors voilà, c'est avec ce film que j'ai étrenné ma carte UGC illimitée pour l'année 2021, alors en sevrage forcé depuis le mois d'octobre de l'année précédente.
Il faut l'admettre, je n'étais pas venu en salle pour Le Dernier Voyage, mais pour voir Mandibules qui annonçait complet quelques secondes à peine avant que je ne puisse réserver. C'est donc sans apriori que j'ai donc découvert le film de Romain Quirot, n'ayant vu ni la bande-annonce, ni les avis des mes éclaireurs, avant son visionnage.
Le Dernier Voyage, c'est la fuite de Paul W.R., un astronaute disparu, unique espoir restant pour l'humanité, dans un monde post-apo menacé par l'expansion d'une 'Lune rouge'. Au cours de cette échappée, Paul (joué par Hugo Becker) se liera d'amitié avec Elma (interprétée par Lya Oussadit-Lessert), faisant renaitre (par flash-backs) les fantômes douloureux du passé des deux protagonistes et dévoilant d'avantage les raisons de sa fuite.
Bourré de références à la culture de la S-F, notamment à Blade Runner (le panneau publicitaire en hologramme parlant), à Mad Max : Fury Road (une course poursuite aboutissant dans une tempête de sable) ou encore à la saga Star Wars (les armures des soldats), le film transpire d'un amour sincère au genre qu'il traite.
La photographie est très réussie, sublimant les costumes et les paysages, que l'on doit au directeur de la photographie, Jean-Paul Agostini.
Nous comprenons les raisons de la fuite de Paul ainsi que les liens qui le lie aux différents personnages au travers ses souvenirs d'enfance par flash-backs. Mais cette alternance présent- passé est trop fréquente et souvent inutile. Elle est à l'origine de la rupture du rythme, dans certaines courses poursuites par exemple, où l'ajout de ces scènes est mal dosé et vient retirer toute tension.
Cependant, elle offre de sublimes visuels en noir et blanc, réelles prouesses photographiques (comme le plan du phare, quelle beauté !).
Toutefois, Il y a de nombreuses incohérences scénaristiques qui me font sortir du film.
Pourquoi dire que la Lune rouge nous épargnera si l'on ne l'attaque pas, alors que, à peine 5 minutes avant, on nous raconte que cette Lune agit périodiquement et qu'elle est à l'origine de l'extinction des dinosaures ?
Les dinosaures lui avaient envoyé des sondes spatiales à l'époque ?
Pourquoi est-ce que Paul et Elma n'utilisent la fonction volante de la voiture qu'à la toute fin, alors qu'elle aurait pu éviter le contrôle de police ?
Pourquoi, alors que nous sommes dans un futur proche, on voit des VHS, des télévisions à tube cathodique et des voitures sorties des années 80 ?
Pourquoi Paul est-il le seul à pouvoir piloter le vaisseau ?
Pourquoi, lorsqu'il est encerclé, les soldats tirent-ils avec des balles létales, alors qu'il est le seul à pouvoir les sauver ? (Il ne peut pas piloter le vaisseau s'il est mort...)
Dès lors qu'on se pose cette question, on ne craint plus la mort de notre héros car personne ne veut véritablement le tuer.
[ C'est dommage, on aurait pu voir une superbe scène avec un renversement du rapport de force lorsqu'il est cerné, où il se serait mis en joue lui-même pour obtenir ce qu'il veut, les menaçant de se suicider, à la manière de Denis Lavant dans Mauvais Sang. Bref, il y avait un potentiel à creuser derrière ça... ]
On a ici des bons acteurs (même Jean Reno ne se débrouille pas trop mal, surement pour compenser un Philippe Catherine insupportable), un réalisateur qui a plein d'idées de mise-en-scène ainsi qu'une grande créativité visuelle, mis au service d'un scénario bancal.
C'est un premier film, qui souffre surement d'un budget trop serré et d'une durée trop courte (30 minutes manquent certainement), mais qui annonce une carrière prometteuse pour Romain Quirot.
Malgré ses lacunes, cela fait du bien de voir un film français ambitieux !
6,5/10