J'ai été très étonné par "Le Dernier Voyage", qui, ne l'oublions pas, est un premier film. Romain Quirot a traversé un sacré parcours du combattant pour voir naitre ce long-métrage et il a de quoi en être fier. Il a remporté un concours Nikon qui lui a permis de financer son court-métrage, prémisse de ce que sera plus tard "Le Dernier Voyage". Film de science-fiction français (hé oui, c'est possible !), l'histoire se déroule dans un futur proche et une mystérieuse Lune Rouge menace de rentrer en collision avec la Terre. Un astronaute, Paul W.R., le seul capable de sauver l'humanité, part en cavale loin de cette mission. Y'a pas à dire, on ressent dès les premiers instants la passion, la maitrise et le sens du détails que le jeune réalisateur met dans ses images. Visuellement, c'est très prenant et immersif ! Il a bien fait d'attendre la réouverture des salles. L'univers post-apocalyptique a un réel impact : les décors désertiques, les voitures volantes, les petits droïdes, l'esthétique rétrofuturiste, cette Lune Rouge qui domine les paysages... C'est efficace mais on ne peut s'empêcher de penser aux classiques du genre comme "Mad Max", "Le Cinquième Élément", "Blade Runner" ou encore "Star Wars"... Certes, "Le Dernier Voyage" n'a pas les mêmes moyens mais je me suis tout de même demandé quel était sa vraie signature, sa vraie originalité, sa vraie souche car tout son univers semble découler d'autres créés avant lui. Cela dit, j'ai bien aimé la french-touch, qui réside dans la bande originale (super d'ailleurs !) avec des vieux tubes d'Eddy Mitchell qui résonnent en fond. Côté scénario, j'étais pas très inspiré par les nombreux flash-backs qui coupent le rythme déjà pas très rapide du récit. Ça tourne parfois en rond, j'ai parfois eu du mal à saisir les enjeux des personnages et j'ai eu l'impression d'être déjà passé par ce genre d'intrigues qui se la jouent plus complexe qu'elles ne le sont. Et ça n'égale pas l'esthétique. Je me suis même dis lors de l'épilogue "tout ça, pour ça"... En revanche, je ne peux nier la démarche écologique, figurée par cette planète qui fait payer cher à l'humanité la surexploitation de ses ressources. Pour ce qui est du casting, je n'ai rien à redire, je l'ai trouvé impeccable, voire peut-être un peu trop sous contrôle. Hugo Becker campe un héros en perte de repères, Lya Oussadit-Lessert lui tient parfaitement compagnie et Paul Hamy, avec son faciès étrange, fait un méchant génial ! La présence de Jean Reno n'est pas sans déplaire et apporte beaucoup de cachet à l'ensemble ! Malgré ses maladresses, "Le Dernier Voyage" grouille de qualités, certes référencées, et revêt la forme d'un hommage bienveillant et nostalgique au cinéma de science-fiction. Maintenant, j'ai hâte de découvrir ce que ce cinéaste en herbes va sortir de son propre chapeau !