Elevé au rang de film culte de toute une génération, «Battle Royal » est LA référence en matière de tuerie japonaise pour adolescents en manque d’adrénaline. Si sur le papier, le topo avait l’air palpitant, le retranscrire convenablement sur l’écran était une autre affaire. Et bien les échos comme quoi il fallait crier au génie devant ce véritable chef-d’œuvre ont été rapidement infirmés ; « Battle Royal » est beaucoup moins coriace et réussi que le veut la légende qui l’entoure. Ce qui est certain, c’est que Kinji Fukasaku a pleinement joué la carte du cynisme. Le film baigne dans un humour noir assez barré, et les situations se veulent très décalées tout en restant sérieuse en surface. C’est un concept osé, mais à double tranchant puisqu’il déboussole très rapidement le téléspectateur occidental que nous sommes. « Battle Royal » est selon moi un film trop ambitieux, véhiculant bien trop maladroitement de tas de critiques et références en son sein, pour au final obtenir un film décousu, aux rouages bien obscures. Par exemple, à travers le jeu télévisé mortel auxquels se livrent ces adolescents punis, le film veut critiquer la dérive de la société japonaise occidentale, et plus particulièrement de la jeunesse, rebelle et incontrôlable. Bon jusque-là, Ok, on peut se dire que le film est pétri de bons sentiments, mais le problème, c’est qu’au fur et à mesure que se déroule l’intrigue, on a l’impression que celle-ci défend au contraire les jeunes, ici victimes, et accuse les adultes de tous les maux. Et Zwip, le message moralisateur nous glisse entre les mains. Les messages, si messages il y a en fait, sont très mal interprétés et incorporé à l’histoire très Cruche et neuneu du film. Ah parce que ça aussi, c’est très pénible : le côté guimauve ultra-classique et sentimental, venant tranché net avec les passages gores du film (qui ne sont pas si violents que ça finalement, car peu réalistes –le film ne mérite pas son -16ans, je trouve-). Le filtre eau-de-rose vient empoissonner chaque scène, à notre grand désespoir, transformant les personnages en des êtres crédules et très peu crédibles compte tenu de la situation extrêmement incommodante dans laquelle ils se trouvent. Une bonne poignée d’hystérie vient compléter la niaiserie mal-appropriée qui règne sur cette intrigue pourtant grave, crasseuse. La superficialité domine largement sur l’ensemble du film, trop hétérogène pour être prenant (et marquant). L’effet « Flash-Back » est assez pénible lui aussi, et tente vainement d’étoffer les mésaventures amoureuses et sociales de chacun et chacune des combattants. Les acteurs s’en sortent bien, même si c’est surtout Kitano que l’on retiendra, en superbe despote inexpressif comme il les fait souvent à la perfection. La mise en scène est de seconde zone, et l’ensemble de l’œuvre ne brille pas par ses qualités techniques, soyons clairs. Le final est plutôt bien trouvé, mais vraiment pas grandiose, aussi malhabile que tout le reste. Bon et bien ce film ne fut pas inoubliable, loin de là. Plutôt surprenant, mais vraiment trop « chelou » et contradictoire pour faire honneur à un scénario de base totalement déjanté et original.