Voilà un film dont le visionnage ne laisse pas indifférent... La réaction première est le soulagement, un grand relâchement intérieur alors que cesse le mortel ballet des massacres, des suicides, des plaies sanguinolentes ainsi que le suspens bien conduit de ce pamphlet brutal.
Mais est-ce bien un pamphlet, comme beaucoup l'on dit? Le réalisateur stigmatise-t-il la dérive violente du Japon (cette contrée ne l'a-t-elle pas TOUJOURS été?), la perte de repères et de respect d'une jeunesse déboussolée qui pète de plus en plus souvent les plombs? Pas sûr. La critique sociétale n'est ici qu'une vague ébauche, une suggestion; elle n'a rien d'explicite, d'organisé. Rien n'est là ni pour expliquer la violence nippone, ni pour en faire la moindre analyse; la riposte des adultes à l'irrespect des ados ressemble finalement à une farce improbable et sanglante: rien de réaliste ni même de possible ici.
Serait-ce simplement une fable? Mais alors, je dois dire qu'elle n'a éveillé en moi aucune idée claire ou nouvelle sur le problème éternel des dérives violentes,individuelles ou collectives: le résultat visé ne serait pas atteint ici.
Voici donc le paradoxe: alors qu'on ne croit pas un seul instant à la possibilité qu'existe un jour (même au Japon) une telle situation, on ne trouve plus aucune légitimité à cette série de macabres rebondissements, de tuerie furieuse.
Au passage, Fukasaku montre, enfonçant des portes ouvertes depuis longtemps: que l'amitié voire l'amour résistent mal aux épreuves ultimes, que la tromperie , la duplicité sont universelles, que l'ado est un loup pour les ados... wouah, quel scoop!!!
Restent un scénario plutôt réussi qui ménage les rebondissements jusqu'à la fin. C'est tout.
Parmi des acteurs passe-partout qui ne marquent personne, Kitano m'étonne une fois de plus par son incapacité totale à jouer.Non pas qu'il joue toujours le même rôle, non: il ne joue pas DU TOUT, n'a jamais la moindre expression, présentant en toutes circonstances une imperméabilité totale qui me fait poser la question: Kitano est-il humain? C'est une énigme et heureusement qu'en tant que réalisateur, il a su montrer plusieurs fois talent et humanité.
Finalement, Battle Royale me paraît être un film racoleur lorgnant fortement du côté des ados: le fond inexistant, l'action permanente, les combats, les personnages stéréotypés, l'ambiance nocturne style Koh Lanta évoquent cet univers des jeux vidéos que nos jeunes adorent: le réalisateur semble ici en proposer un nouveau...