Abuela, de Paco Plaza, sorti en salles mercredi dernier, est absolument terrifiant.
Le film joue habilement avec nos perceptions et dans un même temps, avec celles de son héroïne, puisque, de façon inexplicable, au fur et à mesure de l'avancée du long-métrage, l'agencement des pièces de l'appartement (dans lequel le film se déroule quasi-intégralement), change inéluctablement, ainsi nous sommes donc aussi perdu(e)s que Susana, n'ayant rien à quoi nous rattacher. Nous ne savons pas réellement où nous sommes et cette sensation de trouble participe au malaise dans lequel Abuela cherche à nous plonger, sans parler du fait que ce film est un quasi huis-clos, entre donc dans l'équation une sensation d'étouffement.
Ce qui est intéressant avec ce film, est la notion d'inéluctabilité qui y est centrale, à laquelle l'héroïne est confrontée et contre laquelle, par définition, elle ne peut tragiquement pas lutter, même si elle fera tout pour, tout au long du film: Très tôt, Susana se voit privée de la vie qui allait être la sienne, par la force des choses, ce qu'elle ne mérite pas, ainsi d'entrée de jeu il est aisé de ressentir de la compassion pour elle, ce qui a pour effet d'accroître la panique que nous ressentons devant Abuela, car nous ne souhaitons pas que ce qui arrive à Susana, lui arrive.
L'écriture de ce film est très efficace. Lors de la première scène, nous ne comprenons pas ce qui se passe, et c'est au fur et à mesure du film que des clés nous seront données pour tout saisir, minutie qui rend le dénouement très difficile à deviner.
Devant Abuela, j'ai pensé à trois films:
Relic, de Natalie Erika James, prenant place dans une maison qui est un personnage à part entière comme dans Abuela, et qui va au fur et à mesure se transformer.
J'ai ensuite pensé à Doctor Sleep, de Mike Flanagan, en voyant la scène la plus fatidique de Abuela.
Enfin, comment ne pas penser, devant Abuela,
à l'esthétique du visuellement splendide The Neon Demon (film centré sur le monde de la mode, y compris des shootings), de NWR, et à ses flashs, qui se retrouvent dans une scène de rêve halluciné (mais en est-ce vraiment un?) fait par Susana, rêve lié, là encore, au monde de la mode.
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