La définition du film noir, selon Fabrice du Welz ? "Un genre qui ne fait que des victimes." Cinéphile passionné, le réalisateur d'Inexorable assume des influences multiples, conscientes ou inconscientes, du Théorème de Pasolini à Laura de Preminger, en passant par les films de fantômes japonais ou le Giallo. Écrasé sous les références, alors cet Inexorable ? Qui plus est avec une sorte de prévisibilité de son intrigue cheminant vers le pire ? Pas si vite, si du Welz nous dévoile presque d'emblée le fond de son histoire, c'est pour essayer de déconstruire des schémas archétypaux, laisser quand même de la place au suspense (et à l'épouvante) et montrer qu'il est avant tout un styliste, comme le montrent ses images (argentiques) et son utilisation efficiente de la musique (entre autres choses). Et puis, il est capable, dans une poignée de scènes, d'inviter une sorte de folie dans une écriture qui ne se veut pas réaliste, de toute manière (la danse d'anniversaire, un passage en voiture). Enfin, le cinéaste manifeste une sorte de compréhension vis-à-vis des mensonges de ses personnages (et leurs châtiments), leur donnant un caractère humain profond dans leur recherche d'harmonie, cependant impossible, puisque nous sommes dans ... un film noir. Rayon interprétation, il n'y a pas de faute de goût, avec un Poelvoorde impressionnant, une Mélanie Doutey excellente et la révélation d'Alba Gaïa Bellugi, aux faux airs de Charlotte Gainsbourg, en beaucoup plus inquiétante (qui a reconnu la fillette d'Intouchables ?).