Hésitant entre plusieurs genres, ou au contraire construisant sa réussite en assumant leur mélange, Inexorable est un film au fond assez inégal, mais avec des moments très réussis et des choix judicieux: ainsi, l'immense maison-manoir, qui veut faire penser à Shining, le numéro de la gamine pour son anniversaire qui louche vers les films de possession. Les adeptes du cinéma psychologique n'y trouveront pas leur compte, car c'est une fable, d'ailleurs bien dans la tradition belge d'un certain surréalisme. Certains plans sont un peu trop marqués par un esthétisme de la couleur; pourtant Inexorable n'est jamais un film maniéré, peut-être parce que les interprètes s'y sont investis avec la plus grande sincérité. Ainsi, des commentateurs ont ironisé sur la scène de lit dans laquelle Benoît Poelvoorde apparaît nu et bedonnant, et lui conseillent d’aller maigrir pour ce genre de scène; écrire cela, c’est ne pas voir, au contraire, l’immense honnêteté artistique et le courage d’un acteur au sommet de son art et de sa carrière, pesant, au contraire, de tout son poids pour, dans cette scène, incarner pleinement, sans artifice, son personnage d’écrivain imposteur dans un moment où ce quinquagénaire -probablement parce qu’il vit depuis longtemps dans le mensonge et une culpabilité qui le ronge- ne parvient plus à honorer sexuellement son épouse, donnant à voir crument un corps déclinant et même, furtivement, un petit sexe désespérément flaccide. Exercice de style avant tout, ce film est peut-être plus une promesse qu'une oeuvre en elle-même aboutie.