L’intruse
J’avais découvert le réalisateur belge Fabrice Du Welz dans un film étrange et dérangeant, Adoration. Ici, avec ces 98 minutes, il se lance dans le genre très codifié du thriller psychologique. À la mort de son père, éditeur célèbre, Jeanne Drahi emménage dans la demeure familiale en compagnie de son mari, Marcel Bellmer, écrivain à succès, et de leur fille. Mais une étrange jeune fille, Gloria, va s’immiscer dans la vie de la famille et bouleverser l’ordre des choses... Selon ce cinéaste, le film noir est un genre qui ne fait que des victimes. En tout cas, le spectateur s’en sort indemne et satisfait. Une belle réussite.
On peut penser durant cette projection à des films comme Basic Instinct, JF partagerait appartement, La Main sur le berceau… dont les intrigues étaient marquées par une forte tension sexuelle. On est happé par une sorte de vortex à l’image de l’image de l’escalier en spirale qui revient comme un leitmotiv. D’entrée, on est pris à la gorge, par un début très chabrolien, très réaliste, et l’étreinte ne se relâchera jamais, bien au contraire. Les thèmes du mensonge, du secret, du huis-clos, et l’idée d’une mise en scène épurée, quasi géométrique, enveloppe le film, le tout sublimé par la musique de Vincent Cahay. Tout est là et ça fonctionne à merveille. D’autant que le casting est à son sommet.
Benoît Poelvoorde est un géant. Dans la peau de cet homme confronté en permanence à ses contradictions, il est extraordinaire et tient peut-être là un de ses plus grands rôles. Tout comme Mélanie Doutey que j’ai rarement vue aussi épatante. La petite Janaina Halon Fokan est elle aussi parfaite. Mais la grande découverte, reste la jeune Alba Gaia Bellugi, qui sait créer le malaise à chacun de ses regards. Tellement malsain que ce film en devient envoûtant. J’ai adoré.