Mother Land, sous la direction d’Alexandre Aja, aurait dû captiver par son concept intrigant, mais il ne parvient qu'à frustrer. Loin des réussites percutantes telles que Crawl ou La Colline a des yeux, le film piétine entre évitement habile des « codes » de l’horreur et une volonté de séduire un large public, se perdant ainsi dans un labyrinthe d’inefficacité. Les amateurs de frissons risquent d’être déçus par cette œuvre qui semble s’adresser davantage à ceux moins familiers avec le genre.
Le récit suit June (Halle Berry), une mère isolée avec ses fils dans une maison forestière. Un décor propice à l’angoisse, certes, mais l’intrigue s’enlise dans une lenteur déconcertante. Les tentatives de susciter la peur échouent, laissant place à une absence de tension qui aurait dû être l’âme du film. Aja, qui avait su instaurer un climat oppressant dans ses précédents travaux, ici abandonne cette atmosphère au profit d'une approche trop conventionnelle, donnant l'impression de cocher des cases sans véritable engagement.
La présence de Halle Berry, habituellement éclatante, apparaît ici décalée. Bien qu’elle déploie une performance intense, le rôle d’une actrice aussi « mainstream » dans un film d’horreur soulève toujours des questions. La force du genre réside souvent dans l’anonymat et les nuances subtiles des interprètes. Berry, même si elle s’efforce de porter l’intrigue, est entravée par un scénario qui ne lui offre guère de matière pour développer son personnage.
Les jeunes acteurs jouant ses fils ajoutent une touche d'authenticité, mais leur potentiel est étouffé par une mise en scène qui manque de dynamisme et d'originalité. Aja, dont l’expertise en atmosphères angoissantes est indéniable, semble ici s’en tenir à une formule tout en retenue, peinant à insuffler l'angoisse nécessaire. Les rares instants de suspense, éparpillés et peu mémorables, ne suffisent pas à engendrer une montée en tension.
Visuellement, le film impressionne par sa photographie élégante et ses jeux d’ombre, mais cette beauté ne pallie pas les carences narratives. Les scènes censées effrayer tombent souvent dans la prévisibilité et l’inconséquence, ce qui nuit à l’immersion et à cette peur viscérale qui fait la force des meilleurs thrillers horrifiques.
Le dénouement, en revanche, laisse un goût amer. Au lieu d’un choc final marquant, il désoriente et déçoit. La conclusion semble précipitée, affaiblissant l'ensemble du récit.
Mother Land est un thriller qui échoue à exploiter le potentiel de son intrigue et de sa vedette. Bien que séduisant visuellement, il manque cruellement de substance et de respect pour les codes du genre horrifique. Pour ceux d’entre nous qui espèrent une montée en tension et une immersion totale, le film se révèle être une occasion manquée. Peut-être séduira-t-il un public moins habitué aux frissons, mais ceux en quête d'une véritable exploration de la terreur psychologique risquent de quitter la salle insatisfaits. Un rendez-vous manqué pour Aja, qui semble avoir égaré son fil conducteur.