Chef-d’œuvre mésestimé du cinéma italien et mondial, film monumental à l’ambition démesurée, fresque épique et éminemment politique retraçant un demi-siècle de l’histoire de l’Italie, tableau d’une beauté saisissante sur la vie, les mœurs et les traditions des paysans d’Émilie-Romagne au début du siècle dernier, production hollywoodienne au fort parfum communiste, (très) long-métrage au casting démentiel, œuvre nostalgique sur l’amitié, le temps qui passe et les utopies perdues,... 1900 (Novecento) est tout cela à la fois. Réalisé par Bernardo Bertolucci au milieu des années 70 dans la foulée du succès du Dernier tango à Paris, ce film aux mille paradoxes semble à la fois intemporel, de par les thèmes qu’il développe et le panorama qu’il dresse sur la campagne et les paysans, et à la fois très ancré dans son temps, de par sa grande politisation, son engagement pro-communiste et son incroyable liberté de ton – plusieurs séquences sont sexuellement explicites. Remarquablement mis en scène par un cinéaste au sommet de son art (et de sa mégalomanie), magnifiquement mis en lumière par un Vittorio Storario qui s’apprêtait à travailler sur Apocalypse now de Francis Ford Coppola, bénéficiant de décors naturels somptueux, Novecento est porté par des acteurs étourdissants de fougue, de folie et de passion : Gérard Depardieu, Robert De Niro, Dominique Sanda, Donald Sutherland, Burt Lancaster, Sterling Hayden, Laura Betti, Stefania Sandrelli, Romolo Valli, Alida Valli, Maria Monti,... Extraordinaire de bouillonnement et d’exaltation.