Si la première partie du dyptique (Suis-moi je te fuis) était intéressante, la seconde (Fuis-moi je te suis) est, elle, passionnante. Le caractère d’Ukyo y est fort bien dessiné, le personnage s’avérant beaucoup plus complexe que ce que l’on aurait pu croire initialement. De manipulatrice dénuée de sentiment véritablement profond vis-à-vis de Tsuji, on la découvre jeune femme indécise, incertaine, rongée par la culpabilité et la peur de faire mal à l’autre. Et, hasard de la vie, l’autre est et a été multiple. La pitié pour l’un, l’amour ou ce qu’elle imagine comme tel s’il existe réellement pour l’autre, qu’est-ce qui va prendre le pas chez elle, qu’est-ce qui va lui révéler ce qu’elle désire au plus profond d’elle-même Elle réussit finalement à faire un choix fort, passant au-dessus d’une n-ième tentative de chantage. Mais tout ne sera pas résolu et son destin tracé pour autant, son indécision ayant fini par décourager et par faire fuir celui que, nous, spectateurs, pensons d’évidence lui être destiné. Le retrouvera-t-elle, réussira-t-elle à la convaincre de la certitude de ses sentiments ?
Fukada nous raconte probablement une fable. Une fable sur l’incommunicabilité profonde des êtres, sur l’asymétrie, au moins temporelle, des sentiments au sein du couple. Mais tout cela n’est au final pas si grave, nous dit-il. Les oscillations de nos états d’âmes, bien illustrées par les titres en miroir des deux épisodes, délimitent au final un bassin d’attraction beaucoup plus large, et donc plus solide, dans l’espace de nos sentiments, que ne serait un point unique et stationnaire dans un absolu infini, un amour idéal, éternel et inatteignable parce que trop parfait.