Merci d’être né
Quand Hirokazu Kore-eda sort un film, ça devient un incontournable pour tous cinéphiles qui se respectent. Personnellement, j’ai découvert ce réalisateur japonais en 2099 avec Still Walking, et depuis je n’ai rien raté de sa filmographie marquée par plus d’un chef d’œuvre comme Tel père tel fils, Notre petite sœur, Après la tempête, The third murder et surtout Une affaire de famille. Par conséquent, ces nouvelles 129 minutes ne pouvaient que m’attirer dans la salle obscure. Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé. Encore une fois, le charme opère dans cette belle comédie dramatique sur le thème – sans cesse renouvelé chez Kore-eda – de la famille. Drôle, émouvant… la vie quoi !
De nouveau, le réalisateur japonais s’est tourné vers la Corée du Sud pour situer son histoire. Il faut dire que cette fameuse baby box - boîte de dépôt de bébés, dans lesquelles des mères peuvent laisser leur enfant pour qu'il soit recueilli par un orphelinat ou une famille adoptive – est une « spécialité » exclusive du Pays du Tigre. C’est là le point de départ de cette histoire d’abandon, de rapt et d’adoption aux multiples rebondissements. Mais, nous sommes chez Kore-Eda et, comme toujours, tout se passe en douceur avec cet apparent détachement qui dissimule à la fois une grande profondeur et une sensibilité de chaque instant. Son talent particulier est de savoir parler légèrement de choses graves. Le scénario est très habile et laisse le spectateur dans l’ignorance et le trouble en dévoilant que peu à peu les dessous d’un intrigue relativement complexe. La photographie est très léchée, les cadrages souvent recherchés et la musique aussi belle que discrète. Mais que dire de l’interprétation, sinon qu’elle atteint les sommets. Ne vous privez pas de ce très beau moment de cinéma.
Le coréen Song Kang-Ho, vedette du célébrissime Parasite, a obtenu le prix d’interprétation à Cannes, c’est tout dire. Il est remarquablement entouré par Dong-won Gang, Ji-Eun Lee, - chanteuse vedette en Corée plus connue sous le pseudo de IU -, Doona Bae et pas mal d’autres, parmi lesquels un formidable petit garçon qui répond au doux nom de Im-Sang Soo. Ce film, qui a également remporté le Prix Œcuménique à Cannes, finit par nous faire accepter l’inacceptable tel un hymne à la vie souligné par cette scène magique du « merci d’être né »…. Si vous voulez en savoir plus, courez retrouver Kore-eda, un des maîtres du cinéma asiatique et du 7ème Art d’aujourd’hui tout simplement.