Alex et Noémie, la trentaine heureuse, forment un couple amoureux (et réciproquement). Mais alors qu’ils sont sur le point de concevoir un enfant, l’état de santé de Suzanne, la mère d’Alex, se détériore brutalement. Cette sexagénaire hyperactive, directrice d’une galerie d’art à Bruxelles, perd gentiment la tête. Le diagnostic tombe : Alzheimer. Sa dépendance de plus en plus inquiétante oblige son fils et sa belle-fille à suspendre leurs projets et à mettre leurs vies entre parenthèses.
La fin de vie, écrivais-je le mois dernier dans ma critique de "Tout s’est bien passé", est décidément à la mode. On ne compte plus les films récents qui lui sont consacrés : "The Father", "Falling", "Supernova"… Si je n’avais pas de scrupule à me répéter, j’écrirais la même chose au sujet de ce film belge. Mais bien sûr, je n’en ferais rien.
"Une vie démente" est un joli titre pour un joli film. Un titre qui renvoie à la démence sénile qui frappe Suzanne, la mère d’Alex ; mais un titre joyeux qui fait écho à la vie bien remplie de cette sexagénaire extravertie.
"Une vie démente" prend le parti revendiqué de la comédie. Un genre qui pourrait surprendre sinon déranger pour traiter le sujet, ô combien plombant, de la démence d’une mère et des difficultés de l’accompagner.
Pour autant, ce film signé par un couple de jeunes réalisateurs belges ne verse pas dans l’humour potache. Au contraire, il prend le parti original d’un onirisme décalé, dont son affiche témoigne : à plusieurs reprises, à cause des costumes qu’ils portent et des arrières-plans devant lesquels ils sont filmés, les acteurs semblent comme noyés dans les décors. Métaphore évidente de la maladie d’Alzheimer dans laquelle ils se noient, impuissants. Parce que l’action se déroule en Belgique, on pense évidemment au surréalisme de Magritte.
La magie opère dès la première scène, désopilante et juste. Elle perdure pendant la première moitié du film qui ne cesse de nous surprendre grâce notamment au jeu de Jo Deseure qui interprète Suzanne. La seconde moitié est moins réussie, qui fait un peu du surplace et n’a pas le cran de se frotter à la conclusion inéluctable du déclin de la malade.