Au cordeau
Giordano Gederlini n’avait rien réalisé depuis 2009 et, franchement ses 3 films précédents étaient largement passés sous les radars. J’ai donc vu ces 95 minutes de thriller dramatique comme un 1er film. Leo Castaneda est espagnol, il vit à Bruxelles, où il conduit les métros de la ligne 6. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme au bord du quai. Des yeux fiévreux de détresse, un visage familier… Leo reconnait son fils Hugo, lorsque celui-ci disparait tragiquement sur les rails ! Leo qui ne l’avait pas revu depuis plus de deux ans, va découvrir qu’Hugo était impliqué dans un braquage sanglant. Il va devoir affronter de violents criminels pour tenter de comprendre les raisons de la mort de son fils. Du polar noir à souhait, tendu, violent et sacrément efficace. Une belle découverte.
Le personnage principal est un miroir de la propre situation qu'a connue le réalisateur dont le père a vu sa vie bouleversée par la dictature chilienne, qu’il a dû fuir pour se reconstruire en Europe. Dans ce thriller, les personnages sont très incarnés, taiseux, farouches et cachent tous une part de mystère. Ce film sait parfaitement échappé aux clichés et aux stéréotypes du genre. Une Bruxelles très graphique, avec ses banlieues sordides, ses friches industrielles abandonnées, ses chantiers, offre une esthétique urbaine très particulière à ce film noir un genre qui sert à dépeindre les dysfonctionnements de la société et montrer des personnages en plein questionnement existentiel. Tout est là, mais traité avec talent et servi par un casting de luxe.
Antonio de la Torre est un immense acteur, depuis La Isla Minima, La colère d’un homme patient, Que Dios nos perdone, ou encore El Reino, on en est tous persuadés. Une nouvelle fois, son talent éclate, ici, face à Marine Vacth et Olivier Gourmet. Un bon film de genre en plein milieu d’un été submergé par les comédies lourdingues – sauf Irréductible qui atteint en 3 semaines plus 650 000 entrées bien méritées – et les super héros en fin de cycle. Vivement la rentrée ! En attendant, osez ce petit film sec et percutant qui a tout d’un grand.