La fracture est un vrai mauvais film. Moi j'étais partant vu l'idée de départ, à savoir des gens coincés dans un hôpital suite à une manif de gilets jaunes. Il y a moyen de parler de la condition du personnel soignant, des gilets jaunes, des rapports de classe, bref de plein de trucs... Et le film se vautre à tous les niveaux.
Déjà je crois que je déteste fondamentalement le jeu de Valéria Bruni-Tedeschi, avec son petit air faux, sa voix légère, elle m'insupporte au possible. Après Pio Marmaï qui joue un routier qui monte à Paris pour manifester je n'y crois pas une seule seconde. Il fait faux, il a une tête de bobo, pas de prolo. Dès qu'il ouvre sa gueule je vois l'acteur qui tente de singer mollement la colère prolétarienne. C'est ridicule.
Reste Marina Foïs, qui est égale à elle-même, qui fait la fille un peu coincée prout prout, et l'infirmière Aïssatou Diallo Sagna qui est correcte (pas bonne, correcte).
Mais en fait le souci c'est que le film n'ose pas le naturalisme, il a besoin d'avoir des intrigues, besoin d'avoir un scénario qui avance, besoin d'avoir des rebondissements, besoin d'en faire toujours plus alors que vraiment le concept de base suffisait, mais il fallait prendre le temps de filmer les soins, de filmer comment se comporte le personnel soignant avec les gens, être simplement juste en fait dans les interactions sociales.
Et c'est là qu'on se rend compte du tour de force proposé l'année d'avant par Énorme de Sophie Letourneur. Elle avait filmé des vrais soignants et par le montage avait placé ses acteurs dans le contre-champ et là je suis désolé mais ça aurait marché mille fois mieux. Déjà on aurait vraiment eu cet aspect documentaire que le film semble tenter de créer et surtout ça aurait donné une crédibilité folle à l'ensemble. Les gens auraient arrêté de faire semblant et les situations vécues auraient été réelles et la réalisatrice n'aurait pas eu le besoin d'en rajouter des caisses avec les gens qui gueulent, les gilets jaunes qui rentrent dans l'hôpital, l'agression...
Parce qu'en fait j'ai la sale impression qu'il faut qu'il se passe sans arrêt un truc imprévu sinon la réalisatrice panique, elle pourrait presque raconter un truc...
Oui, il y a une volonté de dire un truc avec ces bourgeois qui comprennent les gilets jaunes à force d'être ensemble dans l'hôpital, les CRS et les soignants qui ne les détestent pas forcément, voir qui les soutiennent... Mais bordel, c'est vide. Là je viens de résumer l'intégralité du propos du film. Le film n'a rien de plus à dire. C'est pour le moins limité en 1h30...
ça plus la Bruni qui est insupportable, le Marmaï qui cabotine... c'est un mal de crâne assuré !