Une femme se retrouve aux urgences hospitalières après avoir chuté sur le sol, bras et poignet droit en fichu état. Pour une dessinatrice droitière, ce n’est pas de chance ! Sa compagne qui pourtant lui a annoncé la rupture du couple aux caractères trop opposés vient la rejoindre par empathie et le peu d’amour qu’il lui reste peut-être. Là, elles vont toutes les deux cohabiter pendant de longues heures (délai d'attente pour voir un médecin : 8 à 10 heures, c'est affiché !) avec un manifestant « gilet jaune », chauffeur de poids lourds de son état, naïf au possible sur le plan politique, suspecté d’ailleurs d’avoir des penchants d’extrême droite par la dessinatrice au poignet cassé, bobo de gauche par excellence ayant toutefois voté Macron aux dernières présidentielles. Détail, n’étant pas née dans la soie (sic), parents professeurs (quand même), ceux-ci la portaient sur leurs épaules pendant les manifestations dont elle connait tous les parcours. Pas suffisant pour fusionner les points de vue, avec un « gilet jaune ». Il va donc y avoir des étincelles entre les deux ! Les mises en situation et opposition se dérouleront dans cette salle d’attente des urgences où, outre les victimes corporelles des échauffourées avec la police, se retrouvent des malades qui souffrent qui d’une maladie, qui d’un accident, et d’autres qui représentent toute la misère du monde, limite cour des miracles. Au centre, le personnel soignant qui fait face, dignement, difficilement, au bord de l’épuisement, passant de l’un à l’autre sans discontinuer malgré l’avertissement « en grève » qui orne les blouses blanches et les mots d’ordre revendicatifs sur les murs. Ce service des urgences finira par être submergé par des manifestants venant y chercher refuge des coups d’assaut de la police à l’extérieur. Ça tournera à la scène de guerre. Une scène qui évoque un fait saillant de ces manifestations hebdomadaires à Paris pendant la crise dite des Gilets Jaunes : les manifestants furent accusés d’être entrés piller un hôpital et y détruire le matériel alors qu’en fait, l’enquête et les témoignages (à commencer par ceux des soignants qui leur ouvrirent les portes), confirmèrent par la suite que pourchassés et acculés contre les grilles de l’hôpital, ce groupe cherchait simplement à se réfugier, sans intention malveillante. Dans ce capharnaüm, émergeront des moments d’entraide, de solidarité, d’émotion et d’empathie, qui permettent de ne pas continuer à désespérer de ce monde. Et au détour du scénario quand notre Gilet Jaune, chauffeur de camion, s’inquiète de ce que tous les soins que nécessite sa jambe mitraillée par les éclats d’une grenade vont lui coûter, lui qui a du mal déjà à boucler les fins de mois et affirme ne faire que survivre, il lui sera répondu : « C’est un hôpital public ici et jusqu’à preuve du contraire c’est encore gratuit et ça ne vous coûtera donc rien ». C’est rappelé à bon escient et ce n’est sans doute pas inutile pour les oreilles d’un Gilet Jaune lambda qui n’entendent peut-être plus trop bien certaines réalités de l’Etat providence et de ses matelas sociaux (pourvu que ça dure !). L’affiche du film ne ment pas : « drôle, haletant », « puissant », « passionnant ».