N°3 : le numéro de trop
Après le très joli Fourmi, en 2019, Julien Rappeneau replonge avec délices dans le monde de l’enfance avec ces 103 minutes inspirées par les personnages inoubliables de Sempé et Goscinny. Hélas, il échoue là où Laurent Tirard avait réussi. Dans le monde paisible du Petit Nicolas, il y a Papa, Maman, l’école, mais surtout, sa bande de copains. Ils s’appellent Les Invincibles, mais ils sont avant tout inséparables. Du moins le pensent-ils. Car quand Papa reçoit une promotion et annonce que la famille doit déménager dans le sud de la France, le petit monde de Nicolas s’effondre. Comment imaginer la vie sans ses meilleurs amis ? Sans les croissants d’Alceste, les lunettes d’Agnan, les bêtises de Clotaire, loin de leur cher terrain vague ? Aidé par ses copains, Nicolas se met en quête d’un mystérieux trésor qui pourrait lui permettre d’empêcher ce terrible déménagement. On s’inspire de très loin de l’univers des deux « pères » du Petit Nicolas, on crée un scénario original – enfin qui se veut « original » -, et plouf ! C’est le naufrage.
Le réalisateur confie : Je tenais à plonger les personnages dans une aventure originale avec des surprises, du suspens, des évolutions, tout en restant totalement fidèle à l’esprit de l’œuvre, à son ton. ??? Eh bien, il a tout faux. Ce n’est pas original, c’est sans surprise, sans suspens et, en fin de compte, peu fidèle à Goscinny. Même l’image, à force d’être travaillée pour faire France des années 60 est laide à souhait. Et surtout le manque de rythme patent – sans compter les effets qui se veulent comiques soulignés à l’excès… au cas où ne comprendrait pas -, flanque par terre toutes velléités de faire rire. Bref, tout est raté, et dans les grandes largeurs. Seul le générique reste à sauver de par son ingéniosité et sa grâce… Avouez que ça fait peu pour un film.
Et pourtant, côté casting, on a mis les petits plats dans les grands. Outre le petit Ilan Debrabant, - le seul des enfants à tirer son épingle du jeu, les autres semblent participer à un concours de cabotinage -, et les parents, Jean-Paul Rouve et Audrey Lamy, qui sauvent ce qui reste à sauver, soit très peu de choses, on a réuni Pierre Arditi, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Darroussin, François Morel, Noémie Lvovsky… C’est vous dire qu’on n’a pas lésiné, mais hélas, tout ce petit monde caricature les personnages déjà volontairement caricaturaux de Goscinny. Or + X + = 0. CQFD !