Les Olympiades, nouveau film de Jacques Audiard, ancre son récit dans la jeunesse française d'aujourd'hui de classe moyenne, se sentant désemparée, décalée du monde dans lequel ils grandissent, en ayant l'impression de pas lui appartenir. Un récit symbolique, et très important au vu du système dans lequel nous vivons, où tout est censé être remis en question dans les désirs et amours de chacun. Le film offre une beauté simple, parfois complexe mais agréable, sur la façon dont on perçoit l'amour et le sexe au travers de différentes personnalités qui s'entrecroisent. Le problème, c'est que Les Olympiades souffre pour moi d'une comparaison malheureuse car hasardeuse : derrière Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, qui traite aussi de l'appartenance au monde et du questionnement de la jeunesse, le film fait pâle figure.
Sa photographie toute en douceur, dans ce noir et blanc déchromé, offrant quelques couleurs ternes, est somptueusement mise en lumière par le travail de Paul Guilhaume. Beaucoup d'émotions et d'intimité sont immersives grâce à cette ambiance. Le choix du découpage aussi a beaucoup de sens, entre les quelque séquences au ralenti, jouissant d'une certaine poésie, les scènes de sexe sublimement illuminés, et les plans plus fixes ou à l'épaule chaotique, qui reflètent la dispute et la discorde. Lucie Zhang et Noémie Merlant campent 2 personnages totalement opposés mais offrent un champ d'écriture infini sur la complexité de leurs personnages, que l'on croit connaître les 5 premières minutes où on les découvre, jusqu'à ce qu'on se rende compte que l'être humain est parfois plus compliqué à comprendre qu'on ne le pense. Seul Camille, joué par Makita Samba, m'a paru un peu trop superficiel, comme le rôle de l'homme par défaut qui jouit de sa liberté sexuelle, avant de faire face au premier problème. Mais Audiard sait jouer aussi sur les détails dans son histoire.
Il semble faire exprès de passer à coté de deuils essentiels (la mort d'une mère et d'une grand mère, la séparation entre un oncle amant et sa nièce) en ne laissant que quelques bribes, pour accentuer un mal être inconscient qui pourrait être la cause des problèmes des personnages, sans doute la plus grande force du film, car c'est toujours très subtil dans l'approche, sans être quelque chose de forcé. Mais bien que j'ai été conquis par la lumière, le récit, et les actrices, le sujet est pour moi un peu trop en surface. La question de l'appartenance à un monde est représenté par des petits boulots malgré de bons diplômes, et des remises en questions permanentes, mais on reste dans une ambiance beaucoup trop belle et fantasmée, ce qui fait du bien, mais les personnages ne font jamais face à leurs problèmes, tout se règle finalement assez rapidement.
Les Olympiades est un beau film, pour beaucoup de raisons citées, mais n'est pas à la hauteur de son récit, ou du moins, ne touche pas au cœur dans son message. Il finit par un être un long-métrage sur la jeunesse parisienne, qui trouve une solution à leurs problèmes en tombant dans des romances parfois un peu grotesques et fantasmées. Encore une fois, ça fait du bien, car cela nous permet de rêver, et de voir du beau dans ce monde, mais Julie (en 12 chapitres) avait une maturité et une profondeur qui, malheureusement, font défauts face à Les Olympiades, qui n'arrive peut-être pas à avoir assez de recul. L'acceptation de soi, reste donc un peu sur le coté.