« Les Olympiades » se présente comme une œuvre à part dans le cinéma de Jacques Audiard qui faisait plutôt dans le genre pour homme, car même lorsque l’héroïne est une femme (Marion Cotillard) elle organise des combats clandestins, au risque de perdre toute crédibilité. Généralement il expose plutôt la baston et les sentiments testostéronés en milieux urbains (voir carcéral comme dans « Un prophète ») que la bluette bucolique apaisée. Ici, rien de tout cela, mais une comédie de mœurs avec une esquisse d’analyse sociétale. Premier point, le choix du noir et blanc dans la vraie vie et de la couleur sur le net. Nous passerons sur la pamoison généralisée de la critique française sur le « somptueux noir et blanc » qui paraît juste correct vis à vis du travail de Claude Renoir ou Henri Decaë, sans parler des américains comme John Alton, Conrad Hall, Leon Shamroy et bien d’autres, comme nous ferons preuve d‘indulgence devant la « qualité » d’une étude sociale inexistante (d’où le déchainement de la gauche atrabilaire : Libération, Les Cahiers, Critikat, Transfuge et les Inrocks, surtout que les codes Wok ne sont pas respectés, aucun salaud blanc belliqueux dans l’histoire), Audiard se contentant de la description sociétale du « Chinatown » parisien. Reste un délicate description d’une relation sexo-amoureuse entre une asiatique, un afro-français (ça se dit pas encore mais ça ne saurait tarder), une méditerranéenne et une caucasienne (surtout avec la perruque blonde). La grande force du réalisateur et de ses deux scénaristes c’est de nous attacher à ces quatre personnages, de nous intéresser à leur relations aux errances parfois compliquées (surtout sur l’oreiller) et de nous faire découvrir une étudiante dans le rôle principal : Lucie Zhang. Juste sublime. Et comme les trois autres, Noémie Merlant, Malika Samba (lui aussi débutant) et Jehnny Beth le font bien, qu’en plus de sa direction d’acteur de haut niveau, le réalisateur nous gratifie d’une mise en scène à la fluidité qui convient, l’ensemble se regarde avec un plaisir certain. Accompagné par l’excellente musique de Rone, « Les Olympiades » n’est certes pas un chef d’œuvre et peut être même pas un grand film, car par moment limite à l’eau de rose (malgré les scènes de sexe). Mais lorsque qu’apparaît le générique de fin, nous sommes frustrés car nous aurions bien passé encore une moment avec les si attachants Emilie, Camille, Nora et Amber.