C'est l'histoire d'un film dans lequel j'ai crû qu'il serait handicapé alors qu'il est asiatique. Et moche.
- Cette critique contient des spoilers -
Un film de Noël dénué de toute magie qui coche les cases de son genre. Les personnages sont des archétypes vu 1000 fois : la fille sublime malheureuse en amour, la volubile et corpulente copine, le gars sympa mais moche, le boss excentrique, le papa noble, le frère méchant...
Love Hard m'a par contre ravi sur un point. Je passe souvent à côté des performances d'acteurs confondant souvent la qualité du personnage avec celle de son interprétation mais ici je n'ai aucun doute: les acteurs sont nuls et surjouent abominablement. Nina Dobrev particulièrement, même si l'inexpressivité de Josh ou l'acceuil de la belle mère mérite d'être mentionné. Je pense aussi qu'Owen (Crazy Rich Asian) fait carrément exprès de ne donner aucune nuance à son jeu.
Ces personnages clichés animent un scénario (tr)ho (tr)ho (tr)ho prévisible, articulé autour de la recherche d'amour 2.0 par application. Le film composé de gags marvélien et de plans de 2sec est résolument "moderne", mais c'est surtout son ossature s'appliquant à ne résoudre aucune des "tensions" qu'il propose qui m'a gêné.
Je me suis en effet demandé tout le film comment les auteurs parviendraient à rendre plausible l'inévitable happy end sachant que :
- Ils reste séparés par 3000Km
- Elle est non seulement une bombe absolue au cœur d'or mais également chanteuse, courageuse, autrice... alors qu'il est un petit bonhomme replet, pauvre, laid et qui vit encore chez ses parents
- Le film ne consacre que trop peu de temps à créer une alchimie entre eux. Et quand il le fait, le rapprochement est uniquement le résultat de la pitié qu'a Nathalie à voir Josh humilié par son frère. On pourrait même dire que c'est la haine visible de Nathalie pour Owen qui la pousse (malgré ses réticences initiales) dans les bras de Josh. On a connu film de Noël plus moral.
Et pour résoudre tout ça ? Rien. Le happy end est absolu, total. C'est un vrai problème parce qu'un scénario c'est sensé être des personnages qui surmontent des difficultés or ici, c'est "la magie de Noël de l'élipse" qui s'en charge. Nathalie hait l'auteur favori de Tag ? Pas grave. Elle est végétarienne et lui chasseur ? Aucune importance. Elle est invitée au steak house ? Le film coupe le repas et précipite une intimité incongrue sur le chemin du retour. L'auteur insiste au sein de la famille de Josh sur l'importance de la famille, de la confiance accordée ? Elle la trahit mais est instantanément pardonnée. Auraient ils eu la même mansuétude avec une moche ? Josh est un mauvais vendeur mais veut lancer un business de bougie que son père refuse de financer ? Dans une scène de 3min chrono on apprend qu'il suffisait à Josh de demander à son géniteur de le soutenir pour bientôt devenir un entrepreneur à succès. Josh est un "good guy" mais cela ne transparait sur ses photos Tinder ? "Well, for starters, you have to believe that it's true. And then, once you do, trust me, it'll show." Vraiment ? Le frère est un salopard ? Il est inclus dans le plan final parce qu'une déclaration d'amour dans l'intimité ça n'a plus de valeur aujourd'hui. On est d'ailleurs surpris que personne n'ait sorti son téléphone pour filmer. Ils restent séparé par 3000km (job, famille, amis) ? Le film s'achève sans s'en soucier. TOUT le film est comme ça. Il pose des éléments qu'il résout comme s'ils n'avaient jamais existé.
Bien sûr on a le droit à la morale du "c'est la beauté intérieure qui compte" mais outre les conditions de rapprochement douteuse détaillées plus haut, Love Hard nous apprend que pour parvenir à ses fins (se taper une bombe), il ne faut pas hésiter à mentir sur les réseaux sociaux. Nathalie, sublime mannequin de 50Kg pour 1,70m reconnaitra rapidement la superficialité de son jugement sur le physique pour découvrir que l'important c'est la valeur intérieure du petit asiat' falsificateur que le film 1H30 plus tard, a pourtant été incapable de nous démontrer. Ses "excuses" pour ses mensonges ? "I didn't set out to catfish you, it just kind of happended". D'accord donc t'as photoshoppé tes photos et écrit une bio pinocchio sans faire exprès ?
Un mot sur la scène karaoké, probable mise en abime. Nathalie y demande en effet "isn't it too much ?" exactement ce que je me demandais depuis une heure, effarée par le cliché de chaque scène. C'est presque comme si le réalisateur avait cassé le 4e mur et m'avait carrément adressé un clin d'oeil pour me dire qu'il était conscient de la daube qu'il mettait en pellicule.
Je sauve la séquence "It's cold Outside", les 3min miracle de Noël de Love Hard.