Avis sur Mille mois

Le film Mille mois déploie durant deux heures une chronique villageoise douce-amère à travers le regard de Mehdi, son jeune héros. En mêlant humour et gravité dans son récit, Faouzi Bensaïdi octroie à son premier long métrage un bel équilibre maintenu de bout en bout entre poésie et réalisme. La narration sensible (exempt de pathos et de misérabilisme) et foisonnante ne s’essouffle pas durant ce parcours d’apprentissage par Mehdi du monde des adultes et de ses bassesses (non-dits, violence, tromperies, etc.).
La dynamique de la narration est accompagnée de celle de la réalisation. Faouzi Bensaïdi alterne habilement les plans larges et serrés, les séquences ouvertes sur l’extérieur et celles plus intimes tournées dans ce village reculé de l’Atlas marocain. Le réalisateur joue également avec les objets du quotidien comme cette chaise d’instituteur, véritable personnage à part entière et fil rouge du récit, ou la télévision commune propice à ménager des entractes dans l’histoire racontée.
Ces qualités de réalisation et de narration n’avaient pas échappé au jury de la sélection Un certain regard du festival de Cannes. Faouzi Bensaïdi y remporta en 2003 et fort logiquement le Prix le Premier Regard.

La sombre période de dictature au Maroc vue par les yeux d'un enfant. Excellent long métrage qui brille par son réalisme, tout en insufflant une bonne note d'espoir, sans toutefois tomber dans le misérabilisme. En outre, on notera la magnificience des paysages de la chaîne de montagne de l'Atlas. Bouleversant.

Un magnifique film, à la fois sombre (la crise, suite aux manifestations politiques réprimées, à la sécheresse...), mais aussi d'une drôlerie qui fait mieux passer un message sur la dureté de la vie. Un film marocain à ne pas manquer (on se félicite que la France ait aidé sa réalisation).