A vous de juger
Pour son nouveau film en tant que réalisateur, Yvan Attal se lance dans le film de prétoire. Un genre qui a fait ses preuves et qui déçoit rarement pour peu que le scénario tienne la route. Et c’est bien le cas dans ces 138 minutes tendues et sans concession. Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ? Certains évoquent le grand Sydney Lumet, le maître du genre. C’est sans doute pousser le bouchon un peu loin, mais Attal réussit son coup et nous livre un excellent film de genre.
Ce drame judiciaire est une adaptation du roman éponyme de Karine Tuil, récompensé du prix Interallié et du prix Goncourt des lycéens en 2019. On est ému par l’accusé – en qui on pourrait reconnaître un fils –, ému par la victime – en qui on croirait voir notre fille -, on s’identifie totalement aux parents des deux jeunes impliqués dans ce fait-divers. Certes, on devait savoir qui étaient ces deux jeunes, d’où ils venaient, mais cette partie est sans doute trop longue et, c’est une évidence, le film commence vraiment avec l’enquête et surtout, l’entrée dans le prétoire. Ce décor n’est évidemment pas une salle de spectacle et pourtant la tension et le silence qui y règnent sont impressionnants. Quant aux avocats, ils se livrent évidemment à des « performances », souvent théâtrales, avec l’objectif de frapper fort et de convaincre parce que l’enjeu est immense. Les plans-séquences, - la perquisition, les différentes plaidoiries – sont parfaitement maîtrisés. Les ambiances, les lumières, la photo sont impeccables. Et, cerise sur le gâteau, le casting et 3*. Alors…
Yvan Attal, on le sait, aime tourner en famille. Cette fois, c’est son propre fils, Ben Attal, - impeccable de sobriété et de justesse -, qui tient le haut de l’affiche, en compagnie de la jeune Suzanne Jouannet, excellente pour sa première prestation. Bien sûr, on n’est pas surpris de retrouver aussi au casting Mme Attal herself en la personne de la toujours parfaite Charlotte Gainsbourg. Pour le reste, on joue sur le velours avec Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi, Audrey Dana, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla, excusez du peu ! En mettant le spectateur à la place des jurés, le film touche sa cible et nous laisse face à notre intime conviction. Quel sera votre verdict ?