Pour son nouveau film tourné “en famille”, après l’inoffensif ‘Mon chien stupide’, Yvan Attal déplace en France les affaires de viol qui ont secoué certains campus américains ces dernières années, soit celle d’un étudiant brillant de la haute-bourgeoisie parisienne qui, après une sortie arrosée, est accusé de viol par la fille du nouveau compagnon de sa mère. Attal reprend la fameuse formule popularisée par le Rashômon de Kurosawa, en proposant successivement les deux visions de la journée du drame et des suivantes, celle de cet étudiant privilégié qui ne comprend sincèrement pas ce qui lui tombe dessus, et celle de la jeune fille, choquée mais déterminée à ce que justice soit faite, le reste du film étant consacré aux plaidoiries contradictoires de leurs avocats. ‘Les choses humaines’ s’avère très Instructif dans ce qu’il dévoile des réactions de la victime et de l’agresseur mais aussi de leurs entourages respectifs, chacun ayant une réaction et un ressenti différent d’un acte objectivé en fonction de son âge et de son statut social, économique et culturel. Il n’y a en effet rapidement plus guère de doutes sur la matérialité des faits mais le film déplace son propos sur la notion délicate du consentement, sur le fait que ne pas dire explicitement “non” ne signifie pas pour autant dire “oui”. Durant les scènes de plaidoirie, on verra d’ailleurs les avocats débattre de la perception de cette norme, de la persistance de stéréotypes qui contaminent sa bonne compréhension et aussi, en bons avocats, traquer les zones d’ombre et le passé des parties en présence pour tenter d’emporter la décision. On sera surtout gré à Attal d’avoir d’avoir su maintenir une certaine ambiguïté dans son traitement du sujet, comme s’il avait refusé le droit de l’auteur/réalisateur à faire transparaître ses convictions personnelles dans un film. Sur un sujet qui touche à l’intime, dans une affaire où de nombreuses variables entrent en jeu, appuyer la norme aurait été paresseux, la combattre aurait été malvenu : Il aurait pourtant été facile de nager dans le sens du courant, de donner aux ‘Choses humaines’ les contours d’une oeuvre aux visées morales, mais Attal a laissé les pistes de réflexion, les éléments à charge comme les circonstances atténuantes, à disposition du spectateur et s’est contenté de donner à l’affaire une conclusion simplement en accord avec la jurisprudence en la matière. Qu’on la trouve adéquate ou pas, c’est un autre problème.