Les choses humaines, le roman de Karine Tuil paru en 2019, figure parmi les plus brillants de son auteure, ne se contentant pas de décrire une affaire de viol, dans l'époque post #MeToo, en s'attachant à des personnages complexes, dont l'origine sociale et les liens familiaux sont autant d'éléments approfondis. Bien que globalement fidèle au livre, l'adaptation d'Yvan Attal n'a évidemment pas le temps d'y consacrer autant de temps et, sans être bâclés, les portraits du supposé violeur et de sa victime sont trop rapides et imparfaits, voire même "scolaires", à cause d'une mise en scène sans trop d'éclat. Comme dans le roman, le film fait pourtant la part belle aux scènes de tribunal, avec la volonté de nous faire balancer entre les deux protagonistes, dans l'impossible quête de la vérité, le suspense classique rejoignant celui d'un film comme La fille au bracelet, dont la réalisation était plus probante, avec ses inévitables zones grises. Qui ne dit mot consent ou bien qui se tait subit ? La question est centrale dans le film et, à son crédit, Attal a bien raison de nous exposer tous les dégâts collatéraux dans ce type d'affaires. Le réalisateur, qui excelle depuis ses débuts dans la comédie, brûlait de se colleter à un drame et rêvait d'un film de procès, à la manière de l'un de ses cinéaste favoris, Sidney Lumet. Dans Les choses humaines, il ne démérite pas et ceux qui n'ont pas lu le livre y trouveront certainement leur compte. Mais pour les autres, il manquera sans doute de l'étoffe, de la densité et de la fluidité dans cette adaptation.