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traversay1
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2,5
Publiée le 11 juillet 2022
Dans le troisième long-métrage de l'argentin Maximiliano Schonfeld, la mort de Jesús López a laissé un village entier en deuil, à commencer par son adolescent de cousin dont le caractère semble encore malléable. Coécrit avec la talentueuse romancière Selva Almada, le scénario du film se veut dans un premier temps naturaliste avant de s'abandonner à un traitement quasi fantastique qui ne convainc qu'à moitié, conduit sur un faux rythme qui peut susciter un vague ennui. Au portrait d'un adolescent perturbé par la disparition de son modèle, s'ajoute la description d'un territoire rural qui n'exalte guère une jeunesse pour laquelle "la meilleure façon de partir c'est de mourir." Jesús López est assez conforme à ce que nous offre souvent le cinéma latino-contemporain, à savoir un scénario qui peut-être (éventuellement) prometteur sur le papier mais dont la concrétisation sur l'écran manque d'intensité et se complait dans un style contemplatif. Difficile de s'enthousiasmer dans ces conditions même si le film laisse place à l'imagination du spectateur, pour peu que celui-ci ne sombre pas dans une certaine lassitude devant une action qui n'a rien de trépidant. A signaler quand même un regain d'intérêt dans les toutes dernières minutes, avant un dénouement qui laisse cependant sur sa faim.
Qui ne voudrait pas être apprécié de tous et faire partie d'un groupe d'amis soudés ? C'était le cas de Jesús López qui a laissé un grand vide à sa mort. Son cousin Abel est tout l'inverse de lui. Un gars discret, timide et solitaire qui va peu à peu s'accaparer du vide laissé par ce dernier tandis que l'entourage du défunt voit en lui l'occasion de combler le manque laissé par leur proche. C'est gagnant-gagnant d'une certaine manière, mais c'est surtout tout de même dérangeant. "Jesús López" m'a fait penser à ce film dont j'ai oublié le nom où une fille commence à vivre au décès de sa sœur. Sans parler de libération, elle obtient l'attention qu'elle a toujours voulue et c'est ce qui arrive à Abel. C'est assez glauque d'une certaine manière, mais c'est ici traité avec beaucoup de mélancolie et un peu de réalisme magique dans un récit à la fois initiatique et de passage à l'âge adulte. C'est un peu dommage que l'acteur principal manque de charisme, même si cela colle à son personnage, mais l'ensemble est pas mal.
C’est une réalisation de Maximiliano Schonfeld qui s’est inspiré de plusieurs deuils vécus afin d’écrire le scénario en compagnie de Selva Almada.
Bienvenue en Argentine, ce pays, connu pour sa viande bovine exceptionnelle, va cette fois être remarqué par Jesús López. On va donc se familiariser avec ce style chaleureux et profond. Tout cela dans des paysages qui régale. L'introduction permet de découvrir durant quelques secondes Jesús avant le drame. S'en viendra ensuite l'évolution de son cousin Abel.
Cela pourrait sembler peu de consacrer uniquement deux courtes scènes à Jesús. Seulement, on va se rendre compte que c'est suffisant pour cerner le personnage et comprendre l'héritage qu'il va transmettre. On a là un des enjeux importants de ce drame. Abel va devoir porter la mémoire de son cousin. Lui, qui est plutôt de nature timide et discrète, n’aura pas d’autres choix que d’assumer l'héritage moral d'un homme aimé de tous. Pour autant, Jess n'était pas un enfant de chœur et cela peut mener Abel sur une pente glissante.
Il est donc très intéressant de voir la psychologie d'Abel qui est tiraillé entre sa façon sa nature, et celle de son cousin. On se rend compte que celui-ci avait la vie dont Abel rêvait, notamment à cause de sa popularité. Finalement, cette mort est un deuil qui se transforme pour lui en opportunité de prendre la relève. Le comportement de sa famille et de ses amis va rajouter une couche pour le perdre dans la voie à suivre.
Joaquin Spahn va vraiment être excellent dans ce rôle. On sent son dilemme par son langage corporel. Les quelques passages où Jesùs, joué par Lucas Schell, va prendre la place d'Abel, sont vraiment intéressants. Symboliquement, c’est très fort. On en vient à un point où Abel ne sait plus s'il est lui ou s'il est Jesùs. Pour ne rien gâcher, Lucas Schell est tout aussi bon que Joaquin Spahn.
Mélancolique et très fin dans la réalisation. Avis aux cinéphiles ! Jesus Lopez est un film troublant sur le deuil et la recherche de soi. Très belle découverte et rencontre avec cinéma argentin !!