Qu'il est doux de s'attaquer à ce qu'on mange, où plutôt à qui mange quoi, enfin qui mange qui. Et de le faire avec pas mal de mordant qui plus est.
Sur les conseils d'un ami carnivore, je me suis laissé tenter par le nouveau film de Fabrice Eboué. Je n'ai rien contre le monsieur (ni spectacle, ni précédents films) mais je n'avais rien pour non plus, enfin, jusqu'à maintenant. Car après cette petite heure et demie pétaradante où les régimes alimentaires s'affrontent et se prennent autant de plomb dans l'aile que leurs fervents défenseurs, le tout dans la joie et la bonne humeur, je peux dire que je suis à la fois repus et satisfait du repas.
Barbaque voit le gars Eboué et sa femme Marina Foïs, couple sans enfants plus très frais et au bord de la rupture façon "La guerre des roses(beef)", se démener avec leur boucherie traditionnelle au bord de la faillite. Comble de l'ironie, leurs meilleurs amis palpes sans compter grâce à leur chaîne de boucheries industrielles. Et pour ne rien arranger, une bande d'extrémistes végans s'attaquent à leur commerce en perdition. Il ne manque qu'une toute petite tape dans le dos pour que les choses dérapent et bien sûr, elles déraperont et avec elles viendra le succès d'une nouvelle viande à la carte. Une viande qui en plus permet de réduire l'impact environnemental.
V power
L'association de Fabrice Eboué et Marina Foïs est absolument succulente et les dialogues savoureux. Les deux acteurs nous communiquent l'excitation de l'interdit au travers de leur jeu et de leurs mimiques, que ce soit lors d'un repas nocturne en solitaire pour l'un ou dans un jeu de séduction machiavélique pour l'autre. Vegan ou non, la nouvelle tendance, c'est le cannibalisme et je n'ai pas souvenir de film où les actes, même les plus immoraux, sont montrés avec autant de légèreté et de détachement, a tel point que contrairement à Fresh, vu quelques semaines plus tôt, je n'ai jamais ressenti une once de dégoût, l'humour des situations emportant tout sur son passage.
Mais le film n'est pas que loufoqueries et absurdité et si on salue le jusqueboutisme de l'humoriste, il n'en reste pas moins que le propos ne manque pas de piquant. Car sous les accents truculents, il y a du fond (de veau). Avec une malice certaine et une douce méchanceté, Barbaque n'oublie pas de tirer à boulets rouges sur les comportements radicaux et intolérants tout en argumentant assez justement, qu'on aime son steak à point ou sa betterave saignante.
Voilà donc une comédie irrévérencieuse qui ne recule devant rien et qui embrasse pleinement son propos pour nous offrir un divertissement à la fois drôle, sanglant et sans concessions. Personnellement, j'en reprendrais bien.