Un dimanche ensoleillé sur une route de campagne polonaise. Un chauffard va briser à jamais l'harmonie de cette belle journée. Supernova, le premier long-métrage de Bartosz Kruhlik, tourné pour 300 000 euros, est très impressionnant par son côté implacable et l'efficacité de ses partis-pris narratifs, sur une durée de seulement 75 minutes. Les événements vont s'enchaîner, des causes terribles entraînant des effets dévastateurs, dans une sorte de logique atroce, décrite de manière hyperréaliste. Le film se déroule pour ainsi dire en temps réel, autour du lieu d'un accident, avec une foule de plus en plus nombreuse et houleuse. Le film, sans jamais resserrer son étreinte, scrute les mécanismes naturels d'un groupe, pratiquement incontrôlable, où acteurs, témoins et voyeurs se rejoignent en un sinistre ballet, qui peut dégénérer à n'importe quel moment. Supernova est un thriller, un drame humain mais aussi un film-catastrophe. Il y a une frustration quant à son dénouement, qui semble précipité comme s'il n'y avait plus d'argent à dépenser, et avec certaines interprétations qui sont certainement outrées mais ce sont bien les seuls reproches à adresser à ce film tendu de bout en bout, dans lequel tous les sentiments humains semblent présents, de la lâcheté au désir de vengeance, en passant par la plus grande détresse. Une leçon de scénario et de cinéma qui tétanise par sa maîtrise.