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Nourigat Tony
6 abonnés
86 critiques
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3,5
Publiée le 13 avril 2021
Ce film m'a transporté dans un univers carcéral africain imaginaire dans lequel un jeune prisonnier fraichement arrivé est désigné pour raconter une histoire pendant la nuit de lune rouge. la réalisation et les interprètes sont crédibles, et le film se suit. Cependant laissé sur ma faim face à la chute du film et toutes les histoires et détails qu'aurait pu contenir le métrage à propos de la pluralité de personnages.
Cette production entre le Québec et la Côte d’ivoire a fait sensation dans beaucoup de festivals et a reçu les louanges de nombreuses critiques internationales. Alors lorsqu’on se retrouve dans la position délicate du rejet, on se demande si on a vu le même film. Mais « La Nuit des Rois » est tellement particulier et spécial qu’il est ici tout à fait compréhensible qu’on n’y adhère pas. C’est typiquement le film qui divisera ses spectateurs en deux et ne touchera pas forcément le grand public. Comme il ne nous a absolument pas touché. Ce n’est pas un mauvais film attention, loin s’en faut, et il plaira certainement aux amateurs de bizarreries exotiques mais la pluie de compliments qu’on lui appose apparaît tout de même un tantinet exagérée. En effet, on est tout aussi dubitatif que devant le multi-primé mauritanien d’Abderrahmane Sissako, « Timbuktu ».
Outre leur origine africaine commune, un continent où le cinéma qui y est produit demeure rare et peine encore et toujours à se frayer une sortie sur les écrans de cinéma, ces deux films ont en commun leur aspect lyrique voire onirique qui passe ou qui casse. En effet, ce type de digressions est souvent sujet à scinder le public en deux entre ceux qui y sont sensibles… Et les autres, dont nous faisons partie. Ces histoires racontées par un détenu qui doit captiver son auditoire jusque l’aube sous peine de mourir ne sont pas envoûtantes pour tout le monde et encore moins intéressantes. Le sujet se révèle bien léger avec le recul et difficile de faire le lien entre ces comptines inspirées des mille et une nuits. Quant aux scènes plus terre à terre dans la prison, elles ne sortent pas du lot des films carcéraux.
S’il est vrai que l’on peut admirer la mise en scène de Philippe Lacôte, belle et puissante, la non adhésion envers ce qu’elle illustre la rend complètement caduque et on attend qu’une chose : que ce film étrange qui ennuiera une bonne partie du public se termine. On reste totalement extérieur à cette histoire convoquant des croyances et légendes ancestrales comme au destin des personnages. On ne saisit pas toutes les nuances du propos, surtout si l’on n’est pas expert en culture africaine. Quant à la présence de Denis Lavant dans une composition de cinglé (encore), elle relève du gimmick de mauvais aloi. « La Nuit de Rois » est à réserver à un public averti friand de films des antipodes emplis de poésie. L’originalité peut être payante mais elle n’emporte pas le consentement de tout le monde… C’est déplaisant et tout sauf captivant.
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Du naturalisme cinématographique impressionnant! Nous sommes plongés dans la noirceur et le sordide des prisons africaines de Côte d'Ivoire. Il est "storyteller" désigné par le chef DANGARO des prisonniers. Et pendant la nuit de lune rouge il devra raconter des histoires, ce qui nous donne l'occasion de vivre l'Histoire de la cöte d'Ivoire au travers de ce récit (il y aura même des images d'archives du Président Laurent GBAGBO déchu). Et les prisonniers illustrent le récit par des ballets ou des chants polyphoniques africains. La bagarre générale est arrêtée par les matons qui tirent. Et le soleil se lève : le "storyteller" a survécu. Le surnaturel se glisse quand la reine agit sur les animaux (éléphants et aigles) et le feu. Impressionnante narration!
Quand la lune est rouge et que le chef des détenus de la prison de la MACA à Abidjan est menacé dans son autorité, il ne reste plus qu'à désigner un prisonnier pour raconter des histoires pendant toute la nuit. Ce n'est pas Shéhérazade, mais quelque chose d'approchant, alors que la violence peut surgir à tout moment, sous l’œil impuissant des gardiens. Dans La nuit des rois, Philippe Lacôte ne se contente pas d'un film de prison, bien qu'il en respecte les caractéristiques. Il l'enrichit de théâtralité, de chorégraphies, en appliquant un récit de griot à l'univers carcéral. Le film s'évade aussi hors des murs et embrasse l'histoire récente de la Côte d'Ivoire aussi bien que celle plus ancienne, lorsque des royaumes s'affrontaient. Difficile de réunir tous ces ingrédients hétéroclites et contraires mais le réalisateur y parvient, intégrant même quelques scènes fantastiques quand le besoin s'en fait sentir. La réalité, le mythe et la magie se rejoignent dans les histoires de La nuit des rois, entrelacés comme dans un roman africain nourri de réalisme magique. L'énergie insufflée par l'ensemble de l'interprétation participe à faire de La nuit des rois un spectacle qui sort des sentiers battus. Alors que le cinéma d'Afrique subsaharienne est quasi porté disparu, le film rappelle qu'il possède toujours des créateurs capables d'offrir des fictions riches qui ne copient en rien les modèles français ou américains.