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Olivier Barlet
294 abonnés
394 critiques
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4,5
Publiée le 1 septembre 2021
Un univers halluciné où se jouent des destins de légende, pourtant bien ancrés dans la réalité de la crise ivoirienne. Etonnant et passionnant. (...) Philippe Lacôte ose ainsi combiner des temporalités et registres multiples, dans un éventail allant des faits historiques au mythe dans le cadre tourmenté de la prison. Il le fait brillamment, toujours sur le fil, réussissant le difficile pari d’une homogénéité globale où même les effets spéciaux sont en cohérence avec l’économie du récit. C’est en rendant hommage à la magie des mots et à la puissance du cinéma que cette expérience aussi littéraire que griotique vise à contenir la violence et renverser le destin de chacun. Un appel à l’éducation et au dialogue en somme face aux situations de conflit. (lire l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures)
Du naturalisme cinématographique impressionnant! Nous sommes plongés dans la noirceur et le sordide des prisons africaines de Côte d'Ivoire. Il est "storyteller" désigné par le chef DANGARO des prisonniers. Et pendant la nuit de lune rouge il devra raconter des histoires, ce qui nous donne l'occasion de vivre l'Histoire de la cöte d'Ivoire au travers de ce récit (il y aura même des images d'archives du Président Laurent GBAGBO déchu). Et les prisonniers illustrent le récit par des ballets ou des chants polyphoniques africains. La bagarre générale est arrêtée par les matons qui tirent. Et le soleil se lève : le "storyteller" a survécu. Le surnaturel se glisse quand la reine agit sur les animaux (éléphants et aigles) et le feu. Impressionnante narration!
Film flamboyant qui virevolte, chante et donne envie de raconter des histoires... celles ci sont pleines de poésie et de lumière avec un ZAMA KING dont le père discute avec les astres... Me suis beaucoup identifiée au caïd qui finit par se réincarner en daim... que c'est beau !
Un bon film, qui m'a séduite mais pas envoûtée.L'idée est forte et passionnante. L'esthétique et les comédiens superbes , le mélange des genres galvanisant et excitant.la représentation de la prison puissante.Mais il m'a manqué quelque chose, la magie n'a pas totalement opéré . Le film est peut être finalement trop sage et ne m'a pas hypnotisée comme je pensais l'être. Comme ont pu le faire par exemple les films colombiens Monos ou les oiseaux de passages. Un bon film quand même qui mérite amplement d'être vu!
Quand la lune est rouge et que le chef des détenus de la prison de la MACA à Abidjan est menacé dans son autorité, il ne reste plus qu'à désigner un prisonnier pour raconter des histoires pendant toute la nuit. Ce n'est pas Shéhérazade, mais quelque chose d'approchant, alors que la violence peut surgir à tout moment, sous l’œil impuissant des gardiens. Dans La nuit des rois, Philippe Lacôte ne se contente pas d'un film de prison, bien qu'il en respecte les caractéristiques. Il l'enrichit de théâtralité, de chorégraphies, en appliquant un récit de griot à l'univers carcéral. Le film s'évade aussi hors des murs et embrasse l'histoire récente de la Côte d'Ivoire aussi bien que celle plus ancienne, lorsque des royaumes s'affrontaient. Difficile de réunir tous ces ingrédients hétéroclites et contraires mais le réalisateur y parvient, intégrant même quelques scènes fantastiques quand le besoin s'en fait sentir. La réalité, le mythe et la magie se rejoignent dans les histoires de La nuit des rois, entrelacés comme dans un roman africain nourri de réalisme magique. L'énergie insufflée par l'ensemble de l'interprétation participe à faire de La nuit des rois un spectacle qui sort des sentiers battus. Alors que le cinéma d'Afrique subsaharienne est quasi porté disparu, le film rappelle qu'il possède toujours des créateurs capables d'offrir des fictions riches qui ne copient en rien les modèles français ou américains.
La nuit des rois nous embarque loin très loin dans une nuit crépusculaire ou réalisme et magie se mêlent pour nous entrainer dans un imaginaire envoutant !
Ça fait du bien un film si riche, à tiroir avec des histoires dans l'histoire, de la danse, des chants !
Très beau film qui nous immerge dans une prison ivoirienne. Entre conte et réalité, on en prend plein les yeux et les oreilles. Un film unique à voir sur grand écran
Avec "La nuit des rois", qui était le représentant de la Côte d'Ivoire pour le meilleur film international lors de la 93e cérémonie des Oscars, Philippe Lacôte réalise un film dans la lignée de ses précédents projets. Si dans "Run", on suivait la fuite d'un jeune homme, le personnage principal de ce film ne peut plus fuir ses problèmes puisqu'il est enfermé dans une prison. La Maca est une prison à part qui a ses propres codes et lois. Elle est dirigée par un homme appelé le Dangôro qui a tous les droits sur les prisonniers. Lorsque ce dernier est malade, il doit se donner la mort... Pour gagner du temps, il renoue avec une tradition et choisit le nouveau venu pour occuper le rôle du "Roman" et raconter une histoire aux prisonniers durant toute la nuit. Le réalisateur explore le microcosme de cette prison et de son fonctionnement à travers une histoire construite autour de ce rituel. Dans une ambiance un peu mystique, et entre chants, contes et légendes, Roman s'évade de son nouveau quotidien tout en espérant qu'il ne s'agira pas de sa dernière nuit. L'histoire, volontairement décousue, ne mène pas à grand-chose, mais l'exercice de style est plaisant et réussi avec des scènes qui captent bien le mélange des genres entre mysticisme et réalisme. En somme, un film singulier qui est plutôt pas mal.
Film qui se déroule au sein de la MACA qui serait une des plus grandes prisons d'Afrique. Forcément on pense très fort aux contes des Mille et une Nuits et Shéhérazade, mais qui serait transposé chez les hommes et l'univers carcéral. La vraie bonne idée est de placer le pouvoir des mots dans un lieu oublié du reste du monde, où on pourrait penser justement que les mots ne sont plus qu'un détail insignifiant dans leur univers où seul la loi du plus fort fait foi. Tout dans ce film est assez fascinant de par ce mélange des genres, ce rythme découpé, cet antagonisme entre réalisme violent omniprésent du monde moderne et ce mysticisme oral qui renvoie à la tradition et aux rites ancestraux. Le film sort nettement des sentiers battus, offrant un film avec les règles inhérentes au genre carcéral mais en y distillant une sorte de théâtralité onirique qui impose une singularité certaine. Site : Selenie
Cette production entre le Québec et la Côte d’ivoire a fait sensation dans beaucoup de festivals et a reçu les louanges de nombreuses critiques internationales. Alors lorsqu’on se retrouve dans la position délicate du rejet, on se demande si on a vu le même film. Mais « La Nuit des Rois » est tellement particulier et spécial qu’il est ici tout à fait compréhensible qu’on n’y adhère pas. C’est typiquement le film qui divisera ses spectateurs en deux et ne touchera pas forcément le grand public. Comme il ne nous a absolument pas touché. Ce n’est pas un mauvais film attention, loin s’en faut, et il plaira certainement aux amateurs de bizarreries exotiques mais la pluie de compliments qu’on lui appose apparaît tout de même un tantinet exagérée. En effet, on est tout aussi dubitatif que devant le multi-primé mauritanien d’Abderrahmane Sissako, « Timbuktu ».
Outre leur origine africaine commune, un continent où le cinéma qui y est produit demeure rare et peine encore et toujours à se frayer une sortie sur les écrans de cinéma, ces deux films ont en commun leur aspect lyrique voire onirique qui passe ou qui casse. En effet, ce type de digressions est souvent sujet à scinder le public en deux entre ceux qui y sont sensibles… Et les autres, dont nous faisons partie. Ces histoires racontées par un détenu qui doit captiver son auditoire jusque l’aube sous peine de mourir ne sont pas envoûtantes pour tout le monde et encore moins intéressantes. Le sujet se révèle bien léger avec le recul et difficile de faire le lien entre ces comptines inspirées des mille et une nuits. Quant aux scènes plus terre à terre dans la prison, elles ne sortent pas du lot des films carcéraux.
S’il est vrai que l’on peut admirer la mise en scène de Philippe Lacôte, belle et puissante, la non adhésion envers ce qu’elle illustre la rend complètement caduque et on attend qu’une chose : que ce film étrange qui ennuiera une bonne partie du public se termine. On reste totalement extérieur à cette histoire convoquant des croyances et légendes ancestrales comme au destin des personnages. On ne saisit pas toutes les nuances du propos, surtout si l’on n’est pas expert en culture africaine. Quant à la présence de Denis Lavant dans une composition de cinglé (encore), elle relève du gimmick de mauvais aloi. « La Nuit de Rois » est à réserver à un public averti friand de films des antipodes emplis de poésie. L’originalité peut être payante mais elle n’emporte pas le consentement de tout le monde… C’est déplaisant et tout sauf captivant.
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En mélangeant faits réels et faits légendaires, tous liés à la Côte d’Ivoire, Philippe Lacôte propose une expérience sensorielle et esthétique qui maintient une grande tension chez le spectateur durant 90 minutes. Visuellement magnifique, "La Nuit des rois" est également magistralement mis en scène et très bien interprété par une « troupe » dans laquelle les comédiens professionnels étaient très minoritaires.
Avec "La nuit des rois", Philippe Lacôte ne signe pas un film conventionnel sur l'univers carcéral. Outre le fait que l'action se déroule dans la MACA en Côte d'Ivoire, le cinéaste donne à son film une direction inattendue. En effet, loin du réalisme d'un "Les Poings contre les murs" (2011), d'un "Dog Pound" (2010) ou autre "Cellule 211" (2009), l'approche de Lacôte y est plus lyrique, onirique et aussi hypnotique. Ce "Mille et Une nuits" version carcérale apporte une véritable touche d'originalité au genre comme l'avait fait le "César doit mourir" des frères Taviani.
Le problème avec ce type de démarche très personnelle et atypique est qu'elle peut en laisser plus d'un sur le bord de la route. Et c'est malheureusement mon cas. Je n'ai pas réussi à adhérer à ce long métrage et à son univers si singulier. Et ceci malgré d'indéniables qualités de mise en scène.
Plus captivé par sa forme et son contexte, l'histoire n'a pas réussi à me captiver et son ambiance hypnotique m'a le plus souvent ennuyé. Dommage.
La MACA (Maison d'arrêt et de correction de Côte d'Ivoire) est la prison d'Abidjan. Barbe noire en est le Dangoro, le caïd tout puissant ; il possède un droit de vie et de mort sur tous les prisonniers. Mais son règne touche à sa fin et sa succession déjà se prépare. Vieillissant et malade, Barbe noire décide d'organiser un rituel ancien : une nuit des rois. Un prisonnier devra, toute la nuit durant, raconter des histoires. S'il perd l'attention de ses spectateurs, il sera tué. Le sort en échoit à Roman, un détenu tout récemment incarcéré. Il se lance dans la narration de la vie fantasmée de Zama King, un chef de gang qui profita des désordres de la guerre civile pour faire régner la terreur à Abidjan.
"La Nuit des rois" est un film étonnant qui emprunte à plusieurs sources. Ses premières images nous plongent dans une ambiance déjà souvent visitée d'enfer carcéral, débordant de violence, de sueur et de testostérone : "Prison Break", "Un prophète", "Midnight Express", "La Ligne verte".... Mais la suite du film nous emmène sur d'étonnants chemins de traverses. On pense bien sûr aux "Mille et une nuits" et au défi relevé par Shéhérazade. On pense aussi aux incantations des griots africains.
L'ensemble est baroque, échevelé, plein de bruit et de fureur. Pourtant, la mayonnaise ne prend pas. On ressort de la salle en se disant que le sujet de "La Nuit des rois" aurait fait un formidable spectacle de danse contemporaine mais pas un bon film.