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    Chers camarades !
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    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 481 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 3 septembre 2021
    Le 1er juin 1962, suite à la brutale augmentation des prix de la viande et du beurre, les ouvriers de l'usine ferroviaire de Novotcherkassk, dans le sud de la Russie, se mettent en grève. Ils marchent sur la mairie. Une fusillade éclate tuant vingt-six manifestants, en blessant des dizaines d'autres. Les autorités déclarent immédiatement l'embargo sur cet événement qui ne sera révélé que trente ans plus tard après la chute de l'URSS.

    Le vétéran Andreï Konchalovsky, quatre-vingts ans bien sonnés, qui faisait ses débuts derrière la caméra à cette époque là, s'est directement inspiré des faits pour en faire son dernier film. Il arrive sur les écrans quelques mois à peine après "Michel-Ange", d'une toute autre facture.

    Konchalovsky aurait pu tourner un documentaire ; mais il préfère réaliser une fiction centrée sur le personnage de Lioudmila, magistralement interprétée par Ioulia Vyssotskaïa, une des grandes dames du théâtre contemporain russe. Ancienne infirmière durant la Grande Guerre patriotique, staliniste chevronnée qui regrette la mort du Petit père des peuples et la prudente libéralisation initiée par Nikita Khrouchtchev, Lioudmila est membre du conseil municipal. Elle est partisane de la ligne dure face aux manifestants et exige qu'ils soient sévèrement punis. Mais elle ignore que sa propre fille, encore étudiante, âgée de dix-huit ans à peine, qu'elle élève seule, est dans leur rang. De l'hôpital, à la morgue, à la fosse commune où les corps des tués ont été enterrés en catimini, elle cherche sa trace.

    L'originalité du film est de nous présenter les événements, non pas du point de vue des manifestants (les héros sont d'habitude deux jeunes gens pris sous le feu des balles qui réussissent miraculeusement à survivre et y gagnent la sympathie des spectateurs), mais de celui des autorités, d'abord débordées par l'ampleur de l'hésitation et hésitant à la réaction à lui opposer.

    "Chers camarades !" a remporté le prix spécial du jury à Venise en 2020. Ce genre de prix honore autant sinon plus le réalisateur auquel il est décerné, souvent en fin de carrière, dont on veut une dernière fois saluer l'oeuvre, que son film lui-même. C'est peut-être le cas de ce "Chers camarades !" qui ne brille pas par ses qualités cinématographiques.

    Certes l'interprétation de Ioulia Vyssotskaïa est impressionnante qui habite son rôle et qui, dans le feu de la manifestation et en réaction au drame intime qui la frappe, est obligée de reconsidérer toutes ses valeurs. Mais le reste de l'interprétation est guindée. Et le film est bien académique. Konchalovksy l'a tourné en noir et blanc parce que, dit-il, le souvenir que nous avons de cette époque est définitivement constitué d'images en noir et blanc. Le problème est que son noir et blanc est trop élégant, trop velouté, pour être crédible et retrouver la patine des images de l'époque.
    Pascal
    Pascal

    159 abonnés 1 643 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 juillet 2021
    Vu en avant première ce magnifique film de Kontchalovsky, lion d'argent au dernier festival de Venise. Au passage, le film me paraît très superieur à l'ennuyeux "nomadland " auréolé du lion d'or et oscarisé. A 80 ans Kontchalovsky réalise un film qui fera date et après son "michel ange " on peut dire qu'il est en forme. Il pourrait sans nul doute, donner une leçon de cinéma à beaucoup de réalisateurs contemporains. Il s'agit ici de décrire le massacre d'ouvriers grévistes dans l union soviétique de Kroutchev. Événement soigneusement caché pendant des décennies par le pouvoir. Il n'y a aucun manichéisme dans ce film et le metteur en scène décrit les faits et le comportement de certains acteurs du drame de façon chirurgicale. On comprend aussi comme fonctionnait la société soviétique dans sa quotidienneté. Portrait d'une société totalitariste après le premier volet abordé en 2016 avec "Paradis" qui montrait alors celui de la société Nazie. "Chers camarades " sera sans aucun doute un des meilleurs films de l'année 2021. A voir sans hésiter.
    traversay1
    traversay1

    3 556 abonnés 4 851 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 février 2021
    Andreï Kontchalovski (adoptez l'orthographe que vous voudrez), 87 ans, toutes ses dents, et un talent intact. Après le somptueux Michel-Ange, le cinéaste russe a enchaîné avec Chers camarades !, qui revient (une vraie découverte pour beaucoup) sur un événement sanglant de l'histoire de l'URSS, datant de 1962, mis sous le boisseau jusqu'en 1992 et pour lequel personne n'a été jugé. Noir et blanc impeccable pour ce film on ne peut plus éclairant qui introduit un personnage de fiction, une officielle soviétique bon teint, pour mieux appréhender les tenants et aboutissants d'une répression menée après une grève et une manifestation d'ouvriers. Kontchalovski est à son affaire pour nous mettre dans l'ambiance de la période (Khrouchtchev est au pouvoir et certains regrettent Staline), y compris les antagonismes entre l'armée et le KGB. Le film est un poil moins convaincant dans le récit intime d'une femme dont la foi communiste est ébranlée par sa réalité coercitive et déçoit franchement dans sa conclusion aussi brutale que plate. Mais peu importe, la reconstitution est épatante et Kontchalovski fait preuve de brio dans les scènes d'action autant que dans les réunions où s'expriment propagande, servilité et convictions. Le cinéaste, qui a réalisé en 1966 l'excellent Le bonheur d'Assia, connait la Russie des années 60 comme personne et gratter la peau de l'URSS a dû le rajeunir, pour de bons et mauvais souvenirs, sans doute. Chers camarades ! est sa façon à lui de se rappeler et la démonstration vaut pour tous ceux qui ont oublié (ou qui ne l'ont pas connu) comment l'on vivait à cette époque derrière le rideau de fer.
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