Quentin Tarantino. Après les succès fulgurants et immédiats que sont Reservoir Dogs et Pulp Fiction ainsi qu’un Jackie Brown injustement dénigré, le réalisateur chouchouté des années 90 revient en force 5 ans plus tard avec son 4ème chef-d’œuvre, le somptueux et culte Kill Bill ! Accrochez-vous, QT se ramène avec tout ce qu’il y a de mieux dans le cinéma asiatique et italien pour nous concocter une Madeleine de Proust immortelle !
El Paso, Texas, date inconnue. Une jeune femme enceinte prépare son mariage. Pendant la cérémonie, une bande de tueurs armés jusqu’aux dents dérange la fête et tire à l’aveuglette sur les mariés et tous les invités. Aucun survivant. Sauf La Mariée, bien évidemment. Celle-ci se réveille après 4 ans de coma dans le seul but de se venger des monstres qui ont détruit son avenir de mère et tué toutes ses connaissances, dont son bébé. Mais son ennemi principal, celui qui a tout orchestré, n’est personne d’autre que le charismatique Bill, qu’elle garde pour le bouquet final.
Comme dit dans l’introduction, Kill Bill est une sorte d’énorme mixeur dans lequel Tarantino aurait placé toutes les bonnes idées et les spécificités du cinéma hongkongais, chinois, des westerns-spaghettis, ainsi que de la culture japonaise pour faire un énorme hommage à ce cinéma qu’il adore. Il s’amuse comme jamais, partageant ses goûts avec nous, spectateurs ébahis par tant de maîtrise. Car oui, non seulement il retravaille ce qu’il a pillé au cinéma qu’il aime, mais il fait aussi preuve d’une grande précision et domestication du langage cinématographique. Les scènes d’action sont incroyablement bien filmées, ce qui nous apporte une tension et nous tient en haleine durant le temps de ces combats acharnés contre les membres du détachement internationnal des vipères assassines.
Mais QT n’est pas seul pour la mise en scène du volume 1. En effet, pour la scène du combat mémorable entre La Mariée et les Crazy 88, il s’est mis aux côtés de Yuen Woo-Ping, chorégraphe et metteur en scène de renommée internationale ! La folie de Tarantino et le talent prouvé de Woo-Ping se marient si bien qu’ils en ont réussis à filmer une scène aussi culte pour le cinéma d’action que la Chevauchée des Valkyries d’Apocalypse Now pour le cinéma de guerre ! La violence de cette scène, souvent controversée par son « non-réalisme » est due à l’hommage de QT pour le cinéma japonais, et donne une esthétique assez exceptionnelle si on la lie à la mise en scène et au cadrage.
Evidemment, il ne perd pas ses habitudes personnelles : le film a une dimension chronologique digne de ses prédécesseurs, ne suivant pas une construction chronologique linéaire. En effet, après la scène d’intro, nous avons droit à la scène de combat avec le personnage de Viviva A. Fox, censée être la deuxième personne sur qui la vengeance doit tomber, après O-ren Ishii, jouée par Lucy Liu. C’est un procédé intéressant, car le combat entre Uma Thurman et Fox est moins colossal que celui entre La Mariée et les Crazy 88 d’O-ren Ishii, ce qui donne une montée en puissance et en epicness tout au long du film.
Malgré tous ces éléments, un bon film ne serait pas un bon film sans des acteurs à sa hauteur. Et ça, QT l’avait compris déjà avant son premier film, c’est donc sans surprise que nous retrouvons un casting d’enfer : une Uma Thurman brillante et saisissante dans le rôle de La Mariée, une Daryl Hannah incroyable dans son rôle de la jalouse et détestable Elle Driver, un Michael Madsen au sommet de sa carrière dans le rôle de Budd, figure masculine ratée, vivant dans l’ombre de son grand frère Bill, joué par un charismatique et étincelant
David Carradine.
Comment parler d’un film de Tarantino sans parler de la bande son. Je crois sincèrement que dans ce Kill Bill, QT s’est donné au maximum pour nous concocter des musiques aussi parfaites les unes que les autres. De Bang Bang de Nancy Sinatra à Twisted Nerve de Bernard Herrmann en passant par Woo Hoo, du groupe The 5.6.7.8’s, et The Grand Duel de Luis Bacalov, le réalisateur nous offre certainement là une de ses meilleurs compilations de musique. Et je l’en remercie sincèrement.
Des cliff-hangers étonnants, des répliques mémorables grâce à une écriture plus que parfaite, des acteurs extrêmement convaincants et des musiques rendues cultes ne peuvent de donner un résultat excellent et digne d’un réalisateur de génie. Kill Bill Volume 1 & 2 est et restera cultissime et intemporel. Un film qui donne de l’espoir, l’espoir de ne pas voir mourir le cinéma que Tarantino adore et qui l’a bercé durant ses années de découverte cinématographique. A voir si toujours pas vu. On veut le volume 3, QT ! On s’en fiche qu’Uma Thurman soit refaite de partout ! ! Le Volume 3 !